06 janvier 2014

Retrouvé

J'avais perdu ce blog. Je ne me souvenais plus ni de l'adresse, ni du pseudo que j'y utilisais. C'est V. qui me l'a retrouvé. Alors que, quoi, je lui avais montré peut-être une fois, en 2007 ou 2006. Le retrouver, ça a été vraiment une sorte de soulagement. L'impression d'avoir retrouvé mon passé, mon histoire. Elle a toujours été vraie, ici et dans les trois lieux qui ont précédé. J'ai un peu relu. J'avais une nostalgie de l'adolescence. Je me rends compte qu'elle ne mérite pas qu'on la regrette, malgré cette impression que dégagent les écrits. Je ne sais pas trop comment décrire cette impression. Quand je relis, je réalise la noirceur de ce que j'ai pu écrire, et je suis en même temps aveuglée par la limpidité de ce qui est dit. Les mots posés me font des effets étranges, probablement parce que ce sont les miens, et que je ne m'y reconnais plus aujourd'hui telle que je suis. Ces choses sont écrites d'un ton très grave, alors que c'est rien, finalement. Bref. Depuis Noël je suis dans un état lamentable. C'est toujours cet effet des mois d'automne, il faut que l'hiver avance pour que je me retrouve en vie. J'ai constaté que ça avait une constance dans les années dont les blogs se souviennent. Des automnes et des hivers bien pourris, sans courage et sans espoir. Il faut que ça change, ce qui est probablement la choses que j'ai le plus écrite depuis que j'écris. C'est drôle, enfin, drôle, bon, pas vraiment. Dans les époques bien glauques de ma vie, je dirais, 2005, 2006, il n'y avait, en fait, rien de moche dans ma vie. Oui, certes, mes parents sont ce qu'ils sont, maintenant, je dois dire, je m'en fiche assez, même si sans doute, ce tempérament dépressif, je le dois à ma mère. Je commence d'ailleurs à très sérieusement envisager une thérapie. Et ensuite, une fois trouvée ma voie, il faut bien le dire, tout allait bien dans mes études et ma vie. J'ai vécu deux excellentes années en colocation à N. pendant mon bachelor. V. m'a donné un équilibre. J'ai parfois du mal à savoir ce que moi je lui ai apporté et lui apporte encore, mais je sais ce que je lui dois tous les jours. J'aime le métier que j'apprends et exerce, j'y trouve beaucoup de plaisir. Problème, je manque encore énormément de motivation dans ce que je fais. Je ne sais pas me discipliner, et je commence à désespérer y parvenir un jour. Mais je fais ce que j'ai à faire, et pas si mal. Je suis, bien que ça ait été très laborieux, l'auteur d'un mémoire de maîtrise universitaire plutôt bien réussi, et je crois que mes élèves apprécient de travailler avec moi. Et puis évidemment, il y a V. que j'aime malgré les hauts et les bas, et avec qui nous avons des projets pour l'avenir. Ce qui m'est difficile depuis ces quelques jours de vacances, c'est d'avoir réalisé qu'avant j'ai toujours vécu en me disant que la vie serait mieux plus tard. J'avais cette sorte d'espoir que tout serait de mieux en mieux. Et finalement, plus tard, c'est devenu maintenant, et il y a peu de chances que la vie devienne meilleure, de plus en plus belle et agréable. Je veux dire nous allons vieillir, avoir à affronter des problèmes d'adultes, à côtés desquels les soucis de l'adolescence sont de bonnes blagues... Nos parents vont vieillir. Il y a aura la maladie. Des deuils. De la douleur. Et, en fait, jusque là, la vie ne m'a pas préparée à ça, j'ai été tellement préservée, que j'ai l'impression que ce qui nous attend ne pourra être qu'affreux. Je suis pas prête du tout à vivre l'avenir. Bêtement, je ne pensais qu'à des joies : celle de disposer de soi-même, celle de faire des choix sans en rendre compte, celle d'avoir des enfants et de les élever avec le plus d'amour possible, celle d'avoir un métier que l'on a choisi et que l'on aime. J'ai peur de l'avenir, et je sais qu'il ne pourra pas être beau tout le temps. Il va être dur, avec certitude.

27 avril 2011

Note à moi-même :

Mais arrête de regarder son putain de facebook, tu te fais du mal pour rien pauvre idiote.

26 avril 2011

Soyons raisonnable.
Il est tout à fait normal que sa vie – voyage de six mois au Canada – soit tout à fait plus excitante que la mienne – poursuivre mon master.
Et donc il y a de fortes chances que je me trompe quand j’imagine qu’il trouve ma vie nulle, et si peu intéressante qu’il va arrêter de s’y intéresser, et arrêter de m’aimer.
Arrêter de m’aimer, peut-être, mais ça surviendrait tout aussi bien si j’étais moi aussi à un autre bout du monde en train de vivre des choses merveilleuses avec une bande de nouveaux amis du sexe opposé au mien comme il le fait.

Le plus simple serait peut-être que j’arrête de m’intéresser à ce qu’il fait, ce qui pourrait m’éviter d’être jalouse de ces filles avec lesquelles il passe visiblement de bons moments. Honnêtement, je ne lui ai jamais trouvé l’air aussi heureux que ce qu’il affiche sur ses photos. Et re-honnêtement, je suis vraiment contente pour lui, même si j’aimerai que ces bons moments là, il les passe avec moi. J’aimerais moi aussi ne pas avoir à m’occuper de ces abscons travaux à rendre, et n’avoir qu’à écouter des cours et à passer mes après-midi et soirée à sortir en ville et dans des bars. Le fait est que je suis une malheureuse étudiante en master, qui doit bosser tant et plus pour réussir ses cours.

Et moi j’aimerais avoir mon amoureux avec moi le soir pour me faire des bisous et des câlins.
Il me manque affreusement physiquement, et ça rien à faire. Sauf arrêter de l’aimer. C’est vrai, moi aussi j’ai possibilité de l’oublier et de passer à autre chose.

Bon, en attendant je l’aime, et j’ai peur que lui arrête de m’aimer. Et là rien à faire, j’aurais beau me persuader que personne n’est plus parfaite pour lui que moi, s’il doit arrêter de m’aimer, il arrêtera.
Et on ne va pas se voir avant au moins 14 ou 15 semaines. Autrement dit, une vie entière, si tant est qu'on se revoit.

Merde merde merde.
Je voudrais l’effacer de ma tête.

12 avril 2011

Si je te dis pas tout ça, ça va macérer et ça va me pourrir la vie.
Note : Je veux pas dire que tout est horrible et que je vais mourir de chagrin, je garde au moins la certitude que je vais bien aller, ça va se tasser.
Mais voilà, c’est dur. C’est dur parce que moi ma vie n’a pas changé, parce que je vais à la migros et que je me dirige vers les rayons en me disant que je vais prendre quelque chose pour toi, et qu’après je me souviens , et là j’ai mal et je me sens bête. Parce que le matin je m’attends à te trouver là dans mon lit. Parce qu’il y a des choses que j’ai envie de te raconter, et que je me rends finalement compte que ma vie routinière n’a rien de nouveau qui puisse t’intéresser. Parce que quand je rentre à la maison, je suis toujours étonnée de voir les chaussures de C. mais pas les tiennes.
Je sais que toutes ces petites choses vont passer, je sais que je vais m’y faire, mais alors, je me dis que si moi je me fais à ton absence, toi tu vas te faire aussi à une vie sans moi, et peut-être trouver que je n’apportais rien dans ta vie.
Et puis il y a encore cette histoire de préservatifs qui me mine. Ça prouve quand même que tu n’as pas l’intention de renoncer à faire l’amour avec quelqu'un si ça se présente. Et ça me tue. J’ai sûrement tort de penser qu’on peut aimer pas quelqu'un et coucher avec quelqu'un d’autre, mais voilà, je le pense. Peut-être que je vais y arriver, mais pour l’instant je peux pas me dire que ce qui se passe là-bas n’a rien à voir ni avec moi, ni avec toi et moi. Imaginer que tu puisses prendre une autre fille, quand moi je suis en manque de toi, ça me donne juste envie de gerber. Je sais, c’est égoïste de ne pas laisser les autres profiter de ce qu’on ne peut de toutes façons pas avoir.


Ne pas lui dire. Ne pas lui dire. Ne pas lui dire.
Rester souriante, rester calme et sereine, le laisser vivre sa vie. Laisser la vie se passer. Ne pas s’agacer de choses sur lesquelles on n’a aucune prise. Accepter que ça puisse changer. Voir venir. Laisser faire. Vivre ma vie. Vivre ma vie. Vivre ma vie. Faire des efforts. Etre sociable. Ne pas l’attendre pour exister. Voir du monde. Faire des choses. Exister pour moi. Faire mon boulot comme il faut le faire. Lui faire confiance. Continuer de croire qu’on vit un truc si incroyable qu’on peut pas le casser. Mais ne pas porter d’œillères.

Et moi ? Je dirais non si une occasion sexuelle se présentait ?
Oui. Mais dans deux mois ? Je crois bien juste éviter que ça se produise.

Juste ne pas oublier que la vie n’est pas une science exacte. Et si tout pète maintenant, se dire qu’il y a eu presque cinq belles années, et qu’il valait mieux maintenant que dans deux ou trois ans.

09 avril 2011

Il ne faudra pas s’appesantir, mais il m’importe d’en garder une trace.
Les cinq belles années qui viennent de passer n’ont pas été écrites, comme pour confirmer qu’effectivement le bonheur ne se dit pas mais se vit.

Hier, l’homme que moi j’aime et moi sommes allés à l’aéroport de Genève, et moi seule en suis revenue, portant sur mes épaules tout le malheur du monde, sanglotant tellement que des petites vieilles m’ont demandé si ça allait.
Non, ça n’allait pas. Ils étaient déchirants, ces adieux. Je les avais imaginés 10 ou 20 ou peut-être même 40 fois, au cours des plus de 20 mois qui se sont écoulés depuis que j’attends ce départ, mais jamais ça n’avait été aussi dur que ce que j’ai vécu.

Objectivement, le pire se doit d’être derrière nous. D’abord les 20 mois d’attente, ou plus, ont connu leur lot de larmes et d’appréhension, puis les adieux, hier, m’ont littéralement brisé le cœur. Un peu comme ce que j’imaginais, mais en plus douloureux.

Mais objectivement, le pire se doit d’être derrière nous. Ce qui ne m’empêche pas de me sentir totalement écartelée, comme si l’autre moitié de mon cœur était de l’autre côté de l’Océan, et de l’autre côté du continent qu’on trouve là-bas. Ah, on me dit que c’est le cas. Bon.

On se reverra, et on s’aimera peut-être bien encore mieux qu’avant.

24 janvier 2011

Il a hâte de partir ? Tant mieux, j'ai hâte qu'il parte.
11 semaines. Onze dimanches, Onze mardi, etc. Quoi d'autre ? Une semaine de vacances. Son anniversaire. La Saint Valentin à laquelle j'ai la tentation d'accorder beaucoup plus d'importance qu'en temps normal. Pourquoi ? Parce que : Tu m'aimes ? Oui. Mais prouve-le bordel ! Dis-le. Montre-le !

Et puis, dans tous les cas, je ne sais pas, moi.
J'ai ce corps qui est avide de sensualité, mais qu'on ne regarde ni ne caresse plus. Le moindre contact réveille tout ce qui peut l'être. J'ai des rêves d'étreintes passionnées. Je me tuerais pour des bisous partout et surtout dans le cou - Bisounours sortez de ce corps, merci, je fantasme sur des regards où je lirais le désir - pour moi bien-sûr - quand mon amoureux semble avoir besoin d'images pornographiques pour s'intéresser à moi - sans vraiment de vrai désir ni de réelle sensualité.

Bref. Je ne sais pas, moi.

Je l'aime cet homme là, mais ça sert à quoi une relation sans passion, ou à passion à sens unique ? (J'en ai à revendre moi de la passion. J'ai toujours le même désir qu'il y a quatre ans. )

Est-ce que c'est le spectre du départ qui pourrit tout ?
Est-ce qu'il faudrait s'arrêter maintenant sur de bons souvenirs ?

Voilà.
Et ça me fait mal parce que j'aime ce garçon là. L'idée de ne plus jamais l'embrasser, de ne plus jamais le caresser, de ne plus jamais faire l'amour avec lui, de ne plus jamais lui dire que je l'aime, c'est juste inadmissible. Amoureuse encore je suis. Reste à savoir jusqu'où la force me guidera.

20 janvier 2011

Ce qui sera le plus dur, ce sera sûrement les soirs où, désœuvrée, je penserais à lui. Les soirs où je regarderais mes mails toutes les cinq minutes en espérant un petit mot gentil, en espérant quelque chose qui voudra dire qu’il me considère toujours comme sa copine ou à défaut comme une amie assez importante pour prendre le temps de lui donner de ses nouvelles.

Et moi j’aurais l’impression d’être pathétique, de le harceler, de ne pas avoir de vie en dehors de lui. J’aurais l’impression de quémander cinq minutes d’attention pour me sentir un petit peu aimée.

(Je ferais bien de m’acheter une confiance en moi avant avril. Une vie aussi, ou à défaut trouver des activités.)

C’est que c’est déjà bien difficile, une amie partie de l’autre côté de l’océan, alors l’homme que j’aime, j’ai peur rien que d’y penser.
Faudrait pas s’attacher aux gens.

Je sais pas quoi faire. J’aime pas cette vie là mais je sais pas comment changer.

Si je sais. Arrêter de déprimer, faire autre chose que bosser tout le temps, s’organiser mieux, faire du sport, voir les gens que je connais même si je les adore pas, trouver des occasions de connaître des nouveaux gens (je pense que c’est le plus dur, mais il est fort possible qu’en fait ça découle du reste).


Enfin, j’ai l’impression de stagner dans ma vie. Il faut donner du dynamisme à l’ensemble, se souvenir que je suis une personne très bien, mais que je dois me mettre des coups de pieds au cul en permanence.
L’essentiel reste de connaître ses faiblesses et de se battre en permanence pour les éliminer.

Au travail. Rien n’est fini, ça commence tout juste.

Voilà. On s’est ressaisi, ça va mieux. Maintenant on fait en sorte que ce ne soit pas que des belles paroles (en vrai c’est ça le plus dur).

11 janvier 2011

Penser à ne pas oublier que les plans pour la vie, c’est bien joli, mais que ça ne tient que très rarement la route.

Au lieu de rêver d'un futur joli, s'arranger pour améliorer le présent. Le présent peut-être beau aussi.

Il ne reste même plus trois mois. Et je sais que ça va passer trop vite. Qu'est-ce que je peux faire pour que ce soit gai ? Ne pas y penser, ce qui m'évite d'être triste reste la meilleure solution.

09 janvier 2011

Discussion l’autre nuit au lit avec V.
J’ai bien cherché ce qui s’est passé. J’ai bien insisté, j’ai beaucoup demandé, j’ai posé plein de questions… Et finalement j’ai su avec combien de filles il avait couché avant moi. Beaucoup plus que ce que j’imaginais. Je savais que je n’étais pas la première, mais je n’imaginais pas qu’il avait plus d’expérience que moi.
Je me pose des questions. C’est étrange de s’être trompé à ce point là sur quelqu’un aussi longtemps – ça me force à modifier radicalement l’image de lui adolescent que j’avais jusque là – et surtout quand ça concerne la personne qu’on aime. En fait ça m’a renvoyé mon anormalité à la gueule. Je me suis re-sentie bizarre et honteuse de mon adolescence, et j’ai compris que ça ne changerait jamais. Je sais combien c’est ridicule d’en vouloir à mes parents, après tout, j’aurais pu naître en Inde, en Afrique, travailler depuis mes 4 ans, ne recevoir aucune instruction, être battue et j’en passe. Mais que l’été dernier ma mère m’ait dit que bien sûr ils avaient remarqué que j’avais changé, après le déménagement, je dois dire que je l’ai pas encore avalé. Je pouvais accepter que personne n’ait rien fait si personne n’avait rien vu, mais là ça devient plus difficile. Je leur en veux de n’avoir pas su s’occuper de moi.
Et je m’en veux aussi de n’avoir pas été plus forte.
J’ai envie de remonter dans le temps, prendre la petite moi idiote d’août 1995, aller lui expliquer que non non, elle peut me croire, ça va pas être la grande aventure, et qu’il faut se préparer aux adultes méchants, qu’il faut comprendre que les parents ne sont pas parfaits, qu’ils boivent trop, qu’ils sont malheureux, tout ça, tout ça. Expliquer qu’il va falloir se débrouiller très seule, mais tirer un trait sur l’indépendance (on a déménagé dans un équivalent trou du cul du monde).
J’étais bien trop candide à l’époque.

Je tourne en rond avec cette histoire. Je le sais très bien. Je n’arrive pas à dépasser tout ça. Sûrement parce qu’il est impossible d’oublier quelque chose qui fait si fondamentalement partie de soi. À moins de le remplacer par d’autres fondamentaux ? Qui puis-je choisir d’être pour remplacer ce qu’on m’a fait être ? Et n’ai-je pas déjà beaucoup progressé ?
Il faut aussi accepter que même si je peux changer autant que possible, je ne pourrais jamais revenir sur le passé.

08 janvier 2011

Ouh, c’est calme. Tant mieux, c’est ce que je cherche.
C’est reparti.
Faut dire, je n’écris même plus dans mes cahiers. Je n’écris plus rien d’autre que des dissertations interminables, des travaux écrits imbuvables que je ne relis même pas.
Prendre de l’âge est bien plus qu’un naufrage, c’est une décadence, un reniement. C’est pas super. Je ne le conseille à personne.

Je ne sais plus où j’en suis. Mon amoureux est toujours pour moi quelqu’un d’essentiel. Je me sens toujours fondre d’amour pour lui, si si. Des fois je me sens me liquéfier et dégouliner comme un marshmallow au dessus du barbecue. Je n’invente rien. Dans trois mois, jour pour jour, cet amoureux-là, avec lequel je vis en bonne harmonie, malgré son problème avec mon bordélisme, cet amoureux-là sera dans un avion pour le Canada, d’où il ne reviendra pas avant d’y avoir vécu 6 mois. Bon, positif : dans 9 mois mon amoureux sera sur le retour.

C’est pas un problème. Je comprends qu’il ait besoin de voyager, je l’accepte parfaitement, je l’envie, si je l’avais osé je l’aurais fait aussi. Bon, j’admets, sur le coup ça m’a fait mal. Physiquement. Tiens, ça me fait penser, comme dirait C. Saf*onoff, plus ou moins : « habituellement une douleur physique me protège du désespoir ». Voilà ce que ça doit être, je ne comprenais pas. Bref. J’aurais très mal dans trois mois. J’imagine un genre de vague puissante, qui dévaste tout. Ça durera deux, trois minutes, même pas. J’en ressortirais lessivée, je me sentirais si vide, avec comme un trou noir dans l’estomac qui essaiera de m’aspirer. C’est ce qui causera la douleur. Je résisterais ; peu de chance, j’en suis sûre, que les gens alentours me voient disparaître en plein aéroport, dans un espèce de froushhhh surnaturel.
Je ne crois pas avoir jamais été désespérée. Il y a cette histoire de croire à la lumière qui n’a de sens que dans les ténèbres. J’y pense et ça suffit à me rappeler qu’il doit y avoir un interrupteur quelque part. Un de mes rares mérites est la ténacité. Je tiens tant qu’il faut. Enfin, j’aime le croire.

Le problème, le voilà : j’ai cette vision de l’amour qui dure toujours, qui rend heureux, mais qui peut exister seulement, je dis bien seulement, dans des conditions très précises. C’est mauvais. Très mauvais. Ça peut rendre fou si ça ne marche pas comme il faut, mais les chances que ça arrive sont infimes, ou presque.
Il faut se rencontrer jeunes. Prendre le temps de construire quelque chose ensemble, de solide, de se connaître vraiment à fond, mais bon, sans devenir des potes qui rotent (rime très discutable) ensemble.
Mon modèle – on a les références qu’on peut – Lily et Marshall. Ah ahaahahah.
Ma naïveté fleur-bleue doit faire sourire.

C’est donc une tentative, peut-être deux, maxi par personne. Vous avez de la chance ou pas.
Je dois dire, quand j’entends parler des gens qui se sont mariés à peine un an après s’être rencontré, qui se sont reproduits dans la foulée, j’ai les boules. Je veux pas de ça. Bon, j’aime quand même mieux ça que l’idée de jamais me reproduire.

J’aime pas cette idée qu’il y ait une période d’adulescence que l’on passerait avec une personne, puis qu’on rompe (V. me disait hier soir que les gens de 28 – 29 ans qui se séparent après avoir passé la vingtaine ensemble, c’est super fréquent), et qu’on entame une vie d’adulte avec quelqu’un d’autre.
Moi, je voudrais un genre de partenaire de vie. Un projet à monter en commun avec quelqu’un.
C’est peut-être parce que j’ai peur d’être seule, peur d’être lâchée dans le grand bain…
J’aime mieux ma vision du partenaire, mon idéal romantique et sentimental de solidarité. Je déteste les choses qui se cassent. J’en ai peur comme de… je sais pas… un gros chien ?

Le truc, c’est qu’avec ce putain d’idéal à la con, si avec V. on se sépare dans deux ou trois ans, j’aurais salement l’impression d’avoir perdu mon temps, et d’être passée à côté de ma chance.

C’est con, les idéaux à deux balles.

26 juin 2010

V. je t'aime.
Vérité qui ne m'effraie pas. Par contre l'idée que dans deux mois nous vivons ensemble (ou habitons) me fout les boules.
(Pas sûre d'aimer un jour quelqu'un d'autre comme je t'aime toi maintenant et depuis plus de quatre ans. Des fois je ne sais plus si ca fait 3 ou 4 ans. Les jours heureux passent si vite.)
Ce que l'avenir nous reserve, je ne veux pas y penser.
V. je t'aime. Et je voudrais que tu ne l'oublies jamais. Même quand dans quelques mois tu seras loin de moi.

09 mars 2010

Dernier semestre de Bachelor.

Ça, ce sera fait. Il y a la suite à prévoir. Des envies à définir, un avenir à convenir.

Il ne reste plus que quelques enseignements à suivre et à ranger dans le pot commun des savoirs disparates acquis.
Il y a quelque chose de rageant à réussir sans devoir se donner à fond, dans une formation qui n'assure rien au bout, et d'avoir tant peiné sans succès dans une école à la sortie de laquelle j'aurais sûrement eu à manger sans chercher indéfiniment.
Un prof parlait de sacrifice. Ce serait joli, oui, si les mois passés à brasser des pages et des pages d'ouvrages obscurs, à emmagasiner des savoirs trop spécifiques pour intéresser hors d'une faculté de lettres, savoirs qui valent ces regards incrédules « quoi y'a des gens qui étudient ça ? », joli, oui, si ces mois passés entraînaient un minimum de reconnaissance de la société.

Le secret bien gardé, c'est que je ne suis pas passionnée, et mon problème d'avenir vient de là. Comment décider quelle branche choisir pour un master – et donc bien entendu un mémoire – si je ne parviens pas à me passionner ?

03 mars 2010

Je me sens comme si je partageais le genre de deuil que traverse la colocation. (Personne n'est mort).
J'admire ces gens qui ressentent autant, qui s'attachent autant. Je me contente de vivre, avec les autres, mais sans pour autant les adorer et leur faire des câlins à tout bout de champs. J'aime bien les câlins, avec parcimonie, aux grandes occasions.
Je crois avoir traversé l'âge des grandes amitiés sans le connaître. Si je m'en moque c'est par jalousie.
J'ai trouvé une sorte d'équilibre qui s'accomode d'arrivées et de départs, qui n'investit personne à fond, mais qui ne s'en porte pas plus mal.
(Sauf V. bien sûr, mais dont je tends pourtant à me détâcher car il ne donne de signes qu'en ce sens.

02 mars 2010

J'ai l'impression d'être devenue plus humaine.
Oh, pas beaucoup, juste un peu, mais cela suffit à changer des choses.
Je m'attache à des personnes, et j'affronte presque sans honte les sentiments qui me font désirer être unique pour ceux que j'aime.
Je regarde des matchs de foot ou de hockey en hurlant, parfois.
J'exprime des sentiments et je m'autorise à les ressentir.
Il m'arrive toujours d'analyser tellement mes sentiments qu'ils n'ont plus la moindre signification.
Je ne sais toujours pas où je dirige mes pas, mais j'arrive à faire des choix pour dessiner un avenir qui puisse me plaire.

J'exagère toujours tout, mais maintenant on comprend que c'est loin d'être du premier degré.
Je décide toujours d'aimer ou non quelqu'un au premier regard, mais je peux changer d'avis.

Je n'arrive pas à m'appuyer sur quelqu'un d'autre que moi.
Je pleure toujours quand quelqu'un m'épaule gratuitement.

J'ai envie d'avoir des enfants pour fouiller les librairies à la recherche des albums qui m'ont marquée enfant.

Je suis toujours amoureuse de mon copain, mais des fois j'en ai marre.

Je ne sais pas dans quelle matière je veux faire mon master.
Je ne sais pas dans quel pays j'aimerais partir en échange.

J'aime les quelques secondes qui précèdent la publication des notes d'examens sur internet, quand ça rame, et qu'on appuie sur F5 toutes les secondes.

Un examen échoué pour cause d'absence due à la pire gueule de bois du monde : c'est nul.
Un examen bien réussi malgré l'absence de révisions et l'absence à la moitié des cours : pas mérité, mais jubilatoire.
Un examen hyper bien réussi malgré une haine prononcée pour cette manière : mortellement jubilatoire.

27 mai 2009

Mon amoureux est chouette des fois (enfin presque tout le temps), surtout quand il me ramène dans la vraie réalité du vrai monde quand je me perds bêtement n'importe où hors du domaine raisonnable. Mon amoureux remet chaque chose à sa place. Mon amoureux recentre les choses. Ce garçon est terriblement pragmatique, ce qui peut le rendre odieux parfois, et surtout, quand il me solicite pour un conseil, j'ai envie de lui rire au nez.
Pour la vraie vie, je sais conseiller ma soeur qui est toujours à côté de la plaque, ma colloc un peu idiote, mais mon amoureux ahahah. Déjà que mes problèmes risibles sont des montagnes insolubles, alors ceux de mon amoureux... euhhhh est-ce que tu dois changer de travail ??? Euh...
(Bon, à la fin, il a fini par prendre une décision. C'était il y a un an, ça semble il y a 3 siècles.)

Je n'ai toujours pas l'absolu controle de ma vie, j'ai encore souvent l'impression de la laisser me glisser entre les doigts telle l'asticot de base.
Les choses avancent seules j'ai souvent le sentiment. D'opportunités en opportunités, le hasard joue souvent pour moi, si bien que quand je n'attrappe une éventualité, je me questionne.
Des fois, la chance est pour moi. Quand ma mère dit, le lundi "trouve toi un travail", et que le mardi, le travail arrive tout seul sur un plateau...

25 mai 2009

A chaque fois que j'entends "chômage partiel", et que les chefs d'entreprises expliquent que c'est le seul moyen de sauvegarder des emplois, je me demande comment, il n'y a pas si longtemps que ça, quelqu'un a pu croire que "Travailler plus pour gagner plus", c'était possible. Partager le travail pour que tout le monde puisse bouffer, c'est plus réaliste. Résultat, finalement, on peut dire que les plus grands utopistes sont de droite.

20 février 2009

A force de cogiter, je me dis, tiens, je ne suis vraiment pas du tout armée pour la vie. Genre, savez, j'ai grandi dans un "environnement à l'écart des nuisances". Oui, voilà, c'est ça, protégée, privilégiée, gâtée tout ça tout ça. Résultat le monde réel me fiche les jetons. Je suis pas armée pour vivre et m'assumer complètement avec 1500 francs par mois. Je suis pas armée pour remplir seule une déclaration d'impôt, souscrire un contrat d'assurance maladie, faire les bons choix professionnels ou que sais-je encore. Bref, il y a un truc qu'on devrait inventer pour les jeunes adultes mal préparés à la vie, un genre de stage de réhabilitation (ou plutôt d'habilitation tout court) pour apprendre à se démerder tout seul. Gratuitement hein, financé par l'assurance invalidité - je me sens invalide.
Notez, je pense à un déficit d'éducation parce que je me sens tout à fait capable de me faire épouser par un type prêt à m'entretenir contre de beaux enfants et de bons repas. Oui, je maîtrise la Migros à fond, je peux envisager mon propre accouchement sans m'évanouir et je cuisine bien (dixit l'une de mes colocs, pourtant avare de compliments).
Problème : ce genre de vie n'est plus trop possible de nos jours. Et sans doute que s'il y a des types qui cherchent ce genre d'épouse, je vais les trouver vraiment trop cons (autre ennui, je fréquente déjà assiduement un monsieur que j'aime, et qui ne semble pas trop désireux de m'épouser, là, maintenant, tout de suite.).
Sérieux, j'ai pas souvenir de m'être réellement, vraiment, et sérieusement déjà interrogée, de toute ma vie, sur la question de profession ou de métier. C'est trop irréel. J'ai du intégrer un jour par erreur que je ferais femme au foyer comme maman. Merde alors. Par ailleurs, j'ai toujours dit que c'était trop con de rester à la maison. Ahhaha faites ce que je dis...
Alors, que vais-je faire de ma vie ? (C'est plus l'heure de dire quand je serais grande. Je SUIS grande.
J'angoisse.

23 janvier 2009

Sous la douche, je repensais à une conversation que j'ai eue hier avec ma soeur. J'avais trouvé le terme à la recherche duquel j'avais tâtonné pendant 50 minutes. C'était le terme qui nous manquait pour s'identifier, un terme novateur qui aurait désigné une réalité sociale inexistante. Mais voilà, fière de moi, je regarde sur google, et ce terme a déjà été utilisé pour désigner la problématique qui m'intéressait. Vous savez, on classe les étrangers suivant qu'ils sont de première, ou de seconde génération. Genre, mes parents sont des étrangers de première génération, et mon frère, arrivé ici vers 3 ans, est un étranger de seconde génération. Je suis aussi de seconde génération, officiellement, et ma soeur de première. C'est des histoires d'âge, très arbitraires bien sûr, mais évidemment nécessaires pour l'administration qui ne se soucie pas des sentiments qu'on éprouve.
Le terme existe, je n'invente rien : je suis une étrangère de la première génération et demie. Euh... j'étais. Pendant une petite dizaine d'années, j'étais enfant d'expatriés. Puis je suis devenue immigrée, immigrante de la première génération et demie. Ma soeur aurait évoqué une génération sacrifiée. Mais ça m'emmerde de m'envisager sacrifiée. Je préfère me voir négligée, oubliée : loin d'un rite sacré, quoi, juste posée là et voilà, le sacrifice répond trop à une idée de but à atteindre par là.

L'étranger de la première génération et demie n'a aucun pays. Sur NOS monts laissez moi rire. L'étranger de la première génération et demie ne partage les références communes de personne. Il a des souvenirs d'enfance du pays qu'il a quitté. Il n'en comprend pas le fonctionnement, n'en a pas la culture. Il en a la famille, les parents, certaines références reproduites. Il ne soupe pas, il dîne, et ça ne changera jamais, par exemple. Par ailleurs, l'étranger de la première génération et demie n'appartient pas à son pays d'immigration, peu importe qu'il en ait pris la nationalité. Il n'en a pas la culture. Il essaie de l'acquérir, il s'y heurte. Il oscille perpétuellement entre deux systèmes de valeurs. Ses parents sont critiques. Avec la langue notamment (biais très franco-français ici), il ne doit utiliser le parler régional. Préserver la belle langue en somme. Sûrement que l'étranger de la première génération et demie se doit de rassurer ses parents. Oui oui, on est à la maison. Pour faire un véritable étranger de première génération et demie, il ne doit pas fréquenter l'école publique.
Pendant ce temps, l'étranger de deuxième génération peut adopter un bon accent local et on ne lui dit rien. Il s'intègre, on dit, comme la confirmation que certains ont droit, d'autres non. Pour rassurer.
L'étranger de première génération et demie est un test. Où ira-t-il, que fera-t-il ? Personne n'en sait rien, et le résultat n'est intéressant qu'en vue de critique. Ses parents demanderont à l'étranger : "Mais pourquoi n'as-tu pas fait une grande école, au pays ?". Simplement parce qu'on ne lui en a jamais parlé. Le système scolaire du pays, il n'y connaissait rien. Et d'ailleurs, même s'il avait voulu, il n'y aurait jamais été admis. Il a fait ce qu'il connaissait, l'étranger. Ce dont on lui parlait. La seule voie envisageable, je vous assure. Il a passé son bac et il a eu 12. Il a étudié à l'université. Il n'a pas fait de prépa, il n'a pas passé de concours, il n'étudie pas dans une grande école de commerce. On ne lui en avait jamais parlé, avant que tous les cousins, au pays, prennent cette voix.
Il est hors de trois nations l'étranger de première génération et demie : l'ancienne, la famille et la nouvelle. C'est la triple contrainte de l'étranger de première génération et demie : il sera obligatoirement en contradiction avec les normes du pays d'origine, avec les références familiales basées sur les normes du pays d'origine, et avec celles du pays d'accueil : "Pourquoi étiez-vous dans une école privée ?". Hahaha. Voilà.
L'étranger de première génération et demie est jaloux. Il est jaloux de l'étranger de seconde génération. Il est jaloux du non étranger, qu'il soit du pays d'origine, ou du pays d'accueil. Il est même jaloux de l'étranger de première génération (ou il lui en veut).

Voici le contenu de ma névrose. J'y pense depuis un certain temps.
La vie en résidence d'étudiants expose souvent à la question d'où tu viens ?
Je ne sais pas y répondre.

14 octobre 2008

Jolie résolution bien tenue : je n'écris pas plus. J'ai pas le temps. Je ne prends pas le temps. Le temps file dans le train ces derniers jours : un week-end à Paris avec V. pour mon anniversaire. Très chouette. Deux jours, c'est court mais terriblement dépaysant. Deux jours à Paris sans mettre le pied dans le moindre magasin : pas facile. Tour Eiffel, Louvre, Arc de Triomphe, Notre-Dame, Sacré-Coeur et recueillement sur les tombes de mes hamsters près de là où j'ai vécu quatre ans. Remettre des images de la réalité sur des vieux souvenirs : ça fait treize ans maintenant, et même si cette période de ma vie ne représente presque rien à l'échelle des années accumulées jusqu'à ce jour, c'est quelque chose de revoir la porte de mon école primaire. J'étais heureuse ces années-là, ces années-là qui semblent pourtant être à l'origine de toute la tristesse qui empoisonne lentement mais sûrement ma pauvre maman.

Je dis ma pauvre maman. Je la plains. J'aime mieux la plaindre que lui en vouloir. Je crois qu'elle n'y est pour rien. C'est peut-être le début du pardon. J'aime bien m'imaginer magnanime, même après tout le mal qu'elle fait, sans conscience, bien sûr.
Je prends conscience en même temps de tout le mal que nous pouvons faire aussi, ma soeur et moi surtout, à juger, à analyser sans cesse quelque chose dont des éléments essentiels nous échappent sûrement.

Ils sont heureux comme ça. Ok.
Mon père dit : "Le chalet est une maison de famille." Ma mère dit : "Je ne veux pas que les filles viennent dans mon chalet.".
Ma mère dit : "Les filles, je ne m'occuperais pas de vos enfants." Mon père dit : "Je me réjouis d'aller me promener avec mes petits-enfants.".

Le passé n'était pas chouette... et l'avenir promet ! Et voilà, je juge encore.

Ma mère est malade. Et j'vais vous dire, en fait, j'm'inquiète. Mais la dernière fois que je l'ai dit, je m'en suis pris plein la gueule. Et puis, c'est dur de s'inquiéter sans le faire en comparaison avec sa propre échelle de ce qui est bien, ou pas. Donc faut laisser tomber.
Est-ce qu'elle nous déteste ? Est-ce qu'elle ne sait aimer personne ? Ou est-ce qu'elle ne sait pas le montrer ?

Bref. Moins je rentre à la maison, mieux je me porte. Et ça m'emmerde. J'ai envie de douceur. Pas de hurlements. Plus jamais de hurlements.