10 juin 2008

Je ne suis pas malheureuse. Je suis juste insatisfaite. Il me faudrait toujours plus, toujours mieux. Mais le problème, c'est que je ne me donne pas les moyens d'obtenir tout ça. Je râle et je me plains, mais je ne bouge pas. C'est faute d'essayer. Si je travaillais quand il le faut, comme il faut, j'aurais plus de temps pour faire des choses qui m'apportent un petit bonheur.

V. a eu une phrase magnifique hier. Je suppose qu'il pense ce qu'il dit, sinon ça n'a aucun sens. (C'est étonnant comme j'ai peur que les choses n'aient aucun sens.) A V., je disais que je me sentais coupable de lui imposer une relation à distance qui n'était sans doute pas ce qu'il souhaitait. Et il a répondu simplement que mon épanouissement professionnel était le plus important. Ce qui est bien avec V., c'est qu'il remet toujours l'église au milieu du village. Mais parfois, c'est d'une façon tellement rationnelle que ça ne comble pas mon désir de déchirements passionnels et de dilemmes sentimentaux tragiques. On le dirait parfaitement détaché de tout sentiment, mais il semblerait qu'il soit simplement altruiste et qu'il pense à moi avant de se soucier de ses propres désirs. J'imagine que c'est ce qu'on devrait tous souhaiter. Cependant, moi, ce dont j'ai peur, c'est qu'à force d'altruisme, rancœur et frustration prennent la place et qu'il ne reste plus rien qu'une haine tenace.

Alors voilà. C'est le couple du garçon mutique et philosophe et de la fille névrosée et chroniquement insatisfaite. Notez que chacun, je le crois, veut le bonheur de l'autre. Je crois juste qu'il a compris un truc qui me dépasse : moi j'ai ce genre d'égocentrisme qui me pousse à croire que je dois tout faire pour essayer de le rendre heureux, comme une mission divine, tandis qu'il a compris que chacun est l'artisan de son propre bonheur.

Il existe peut-être une main invisible du bonheur. Si chacun s'occupait de lui dans son propre intérêt, on arriverait peut-être à créer le bonheur général.

(J'espère avoir réussi mon examen d'économie.)