J'ai réussi mon examen de sémantique.
J'ai réussi tous mes examens du premier coup. Pour l'année, ça nous fait deux 4, trois 4.5, trois 5, deux 5.5. Disons que c'est mieux que passable, mais pas génial non plus. Mais je suis plutôt satisfaite. J'ai eu 5 à un oral d'histoire qui m'avait semblé catastrophique : le prof m'avait lâché après 20 minutes au lieu de 30, et je pense bien que je n'ai pas parlé plus de 5 minutes. J'étais très négative en sortant. 4 en sémantique : rien de surprenant. J'étais vraiment sûre de passer mes vacances à tenter de m'y retrouver.
L'Île de Ré ? Un long voyage : montée dans le premier train à 05h26, sortie du bus à 18h30... histoire d'éviter un changement de gare à Paris. Voyager totalement absente suite à une nuit d'environ trois heures, c'est pas plus mal. J'avais l'impression que cette journée n'existait pas, ce qui me dispense du sentiment de l'avoir perdue.
En arrivant, pas de comité d'accueil : notre grand-mère est arrivée quatre jours plus tard. La maison vide, pas de tables compliquées à mettre (dès qu'on dépasse couteau-fourchette-cuiller en unique exemplaire, j'ai du mal), manger des knackys au ketchup avec des pâtes au beurre et à l'emmental français (on dirait du plastique). C'était régressif, mais pas tant : en conduisant la voiture de bonne-maman on se rend compte qu'on est vraiment passé de l'autre côté.
Plus tard, après ces jours de calme, on a sans doute trop parlé. Laissé échapper des bribes qui révèlent une tristesse que les autres nient. Celle de ma mère. On a entendu dire partout que non, que notre mère n'était pas malheureuse, qu'elle avait toujours vécu à distance de sa famille, qu'elle n'avait jamais eu vraiment d'amis et qu'elle détestait rencontrer des gens. On nous a dit que depuis ses 17 ans (depuis qu'elle est avec notre père) elle ne vit que pour lui, et qu'ils sont tous les deux pareils, et sans doute heureux comme ça, sinon ils changeraient.
Tout le monde nous l'a dit : "Votre mère est terriblement intelligente.". Mais aussi, elle a été bonne élève jusqu'à ce qu'il n'y ai plus de classements et de prix d'excellence. Et puis, si son père a refusé qu'elle aille à l'université, c'est parce qu'elle avait redoublé tant et plus au lycée. Je ne veux pas juger. Je n'y étais pas, je n'en sais rien. Je sais juste que pour ma mère, c'est une souffrance bien souvent exprimée. On nous dit encore que c'était à cause d'elle que sa soeur aînée a fait une dépression qui la laisse aujourd'hui encore fragile.
Des bout d'épisodes de vie, mélangés, transformés : trop d'années sont sûrement passées.
Ma mère souffre et j'en suis certaine. On m'a dit à la fois d'essayer de m'en dégager, que je ne dois pas laisser cela me peser... mais malgré tout qu'il est de notre devoir de ne pas laisser nos parents dans leur solitude. Tout et son contraire.
On aurait limite besoin d'une grande thérapie familiale sur trois générations.
Pour ma part, il y a une chose dont je suis sûre et que je ne veux jamais oublier : la compagnie d'autres êtres humains m'est infiniment précieuse. J'ai beau être timide et réservée, j'ai besoin des autres, de plusieurs autres pour m'épanouir. Je le garde en tête. Tout seul on dépérit, et plus on le reste, moins on arrive à s'en sortir.
Ma mère a bousillé les liens qu'elle avait avec ses quatre soeurs en ne les entretenant pas. C'est irréparable et ça blesse des deux côtés.
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