05 janvier 2008

Avant, j'écrivais surtout dans la nostalgie ou la tristesse et je regardais mes larmes s'écraser sur le papier et diluer l'encre.
J'en ai assez du malheur et du vide. Je veux du bonheur et des rires. Je veux aimer, montrer que j'aime et en recevoir autant.
Je veux que 2008 soit sacrée année du bisounourisme.


La famille est dorée. C'est vrai, tout ce qui touche à la famille, je me le représente en or. C'est sans doute parce que voir la famille, c'est juste Noël. Peut importe que je ne sois pas d'accord avec mes oncles, mes tantes ou mes grands-mères, à Noël tout est doré et chaleureux, et je veux que tout continue à être doux et chaud, même après Noël, même après Nouvel-an de la glauquitude absolue. Je veux que ce soit tendre et doux, chaud et rassurant. Et à part ça ?
L'hotel d'Ambleteuse. Je garde le nom que j'aime. Si j'étais cinéaste, j'y retournerais juste pour tourner un film d'horreur. Les paysages s'y prêtaient, le nom aussi. Les parents complètement saouls. Terrible. Jamais vu ça. Et l'analyse de la vie des parents qu'on s'est fait avec ma soeur et mon frère, dont sans doute il ne reste rien, malgré son allure révolutionnaire, nous a sans doute permis de voir les problèmes qu'ils ont, mais nous sommes encore bien loin de trouver des remèdes à leur vie triste qui nous afflige. J'ai décidé de retourner voir un psy avant de devenir aussi cinglée que ma mère.
La maison des grands parents sur la côte, tout un héritage qui ne me touche pas. Oh, je me rappelle bien les promenades sur la digue. La grande table en bois et les bancs étaient encore dans mes souvenirs, mais autrefois le couloir à l'étage était, je me le rappelle, au moins trois fois plus long qu'aujourd'hui. Ce n'est pas chez moi, cette côte d'Opale qu'ils aiment tous du côté de mon père. C'est peut-être dommage. On se rend compte, là encore, en entendant parler d'amis de jeunesse de mes parents, qu'ils ont abandonné tous les liens qu'ils avaient, qu'ils sont partis un jour en coupant les ponts. Pourquoi ? Ils savent répondre seulement qu'ils n'aiment pas les gens, qu'ils sont mieux seuls, qu'ils se suffisent l'un à l'autre. On y croit pas.
Et on retourne en ville, du côté maternel. Là, ça brille. Le côté sombre de l'autre grand mère qui se laisse dépérir face à l'Azheimer de son mari, ne voulant d'aide de personne, mais qui ne tiendra plus longtemps, on l'a laissé derrière. L'année du bisounoursisme n'avait pas encore commencé, mais je voulais la serrer un peu : ce n'est pas très dur, de cette femme il ne reste qu'un petit sac d'os que le vin rosé anime - et lui dire qu'il fallait qu'elle prenne d'elle tout le soin du monde, qu'elle devait demander l'aide qui lui fallait, lui répéter simplement ce que j'avais laissé coulé tout seul la veille en fin de soirée, quand les "adultes" alcoolisés ne s'intéressaient plus tellement à la leçon qu'assénait tranquillement la petite nièce discrète à sa grand mère décomposée - le rosé, j'ai parlé du rosé.
C'est plus facile de montrer de l'amour aux gens qui l'auront vite oublié.
Le brillant arrive. Des bons sentiments qu'on montre d'avantage. Des problèmes aussi mais plus d'insousciance, plus d'exubérance, des rires qui fusent plus vite. La couleur est meilleure ici. La chaleur et le manger aussi. Je reste en spectatrice, mais j'ai d'avantage envie d'en être. Si ce côté-là est plus vif, il est aussi plus intimidant.

Des deux côtés, j'ai de mal à me sentir chez moi en famille. Il y a un décallage, quelque chose qui ne joue pas, et il ne s'agit pas seulement des grimaces de ma mère à côté des sourires de ses soeurs.


Un jour je finirais ça, quand j'aurais trouvé à me souvenir d'où est-ce que je voulais en venir avec cette histoire.

Mais pour 2008, je veux un monde tout doux, tout chaud, et tout sourire. Et pas que pour moi.

Reste juste à convaincre V. que 2008 est bien l'année du calinage, l'année où on dit oui à toutes les occasions de récolter des sourires, l'année où l'on fait tout ce que l'on peut pour être heureux.