La Grande Surface, c'est un endroit merveilleux dont je découvre chaque jour de nouveaux secrets. Beaucoup mieux, je me permets de le croire, qu'une caissière "de métier", puisque je travaille en rayon, j'observe les rouages, les mécanismes encore mal rodés du supermarché qui s'éveille. Il naît, il grandit, il croît comme son chiffre d'affaire, et s'il n'a que quelques jours, il s'annonce prometteur même s'il n'a pas rempli, encore, les objectifs qui lui ont été donnés.
Les horaires sont rudes, d'autant plus que j'habite à trente minutes de la Grande Surface, 7h - 19h, je me plains mais la comparaison est impossible avec les échellons supérieurs de la hiérarchie.
Leur stress m'est indifférent. A 7h, quand la ruée du personnel se déchaîne sur les palettes tout juste sorties des camions, je reste bras ballants, sans savoir que faire. C'est dans ces moments-là que mes limites m'apparaissent : tout le monde s'active et je ne trouve pas d'initiative à prendre, j'encombre, et je m'ennuie, pas encore assez fatiguée pour dormir discrètement debout. Je ne comprends pas les ballet des portes de chambres froides, des transpalettes, de la nettoyeuse et des fourmis laborieuses. Il ne me reste que deux semaines, je n'aurais pas le temps de m'y faire avant de découvrir les bancs d'une nouvelle université. Et si cette perspective m'inquiète, l'occupation que je trouve quand même entre deux palettes de papier cul me permet de ne pas y penser. Collègues sympathiques si on oublie l'idiote - elle est idiote je n'y peux rien - qui sent très mauvais et qui travaille dans le même rayon que moi.
Bref, demain debout avant 5h30, je retourne me coucher, et bien évidemment, rêver du travail...
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