09 janvier 2011

Discussion l’autre nuit au lit avec V.
J’ai bien cherché ce qui s’est passé. J’ai bien insisté, j’ai beaucoup demandé, j’ai posé plein de questions… Et finalement j’ai su avec combien de filles il avait couché avant moi. Beaucoup plus que ce que j’imaginais. Je savais que je n’étais pas la première, mais je n’imaginais pas qu’il avait plus d’expérience que moi.
Je me pose des questions. C’est étrange de s’être trompé à ce point là sur quelqu’un aussi longtemps – ça me force à modifier radicalement l’image de lui adolescent que j’avais jusque là – et surtout quand ça concerne la personne qu’on aime. En fait ça m’a renvoyé mon anormalité à la gueule. Je me suis re-sentie bizarre et honteuse de mon adolescence, et j’ai compris que ça ne changerait jamais. Je sais combien c’est ridicule d’en vouloir à mes parents, après tout, j’aurais pu naître en Inde, en Afrique, travailler depuis mes 4 ans, ne recevoir aucune instruction, être battue et j’en passe. Mais que l’été dernier ma mère m’ait dit que bien sûr ils avaient remarqué que j’avais changé, après le déménagement, je dois dire que je l’ai pas encore avalé. Je pouvais accepter que personne n’ait rien fait si personne n’avait rien vu, mais là ça devient plus difficile. Je leur en veux de n’avoir pas su s’occuper de moi.
Et je m’en veux aussi de n’avoir pas été plus forte.
J’ai envie de remonter dans le temps, prendre la petite moi idiote d’août 1995, aller lui expliquer que non non, elle peut me croire, ça va pas être la grande aventure, et qu’il faut se préparer aux adultes méchants, qu’il faut comprendre que les parents ne sont pas parfaits, qu’ils boivent trop, qu’ils sont malheureux, tout ça, tout ça. Expliquer qu’il va falloir se débrouiller très seule, mais tirer un trait sur l’indépendance (on a déménagé dans un équivalent trou du cul du monde).
J’étais bien trop candide à l’époque.

Je tourne en rond avec cette histoire. Je le sais très bien. Je n’arrive pas à dépasser tout ça. Sûrement parce qu’il est impossible d’oublier quelque chose qui fait si fondamentalement partie de soi. À moins de le remplacer par d’autres fondamentaux ? Qui puis-je choisir d’être pour remplacer ce qu’on m’a fait être ? Et n’ai-je pas déjà beaucoup progressé ?
Il faut aussi accepter que même si je peux changer autant que possible, je ne pourrais jamais revenir sur le passé.