02 février 2006

Ce matin, quand j'ai ouvert mon frigo, trois oeufs rassemblés dans une boîte où une place était inoccupée ont tenté un suicide collectif dont seul un a réchappé.
Les oeufs, tous les trois, préparant leur complot fatal toute la nuit, je les imagine bien, attendant le petit matin et le bruit de la clé tournant dans la serrure de mon casier, pour pousser de toutes leurs forces vers le vide - où, un mètre plus bas, une mort certaine les attendait - le misérable habitacle de carton bleu dans lequel ils avaient décidé de mettre fin à leurs jours.
Bref.
Ca (qu'il ne faut pas confondre avec C), a dit à A, hier, qu'elle ferait bien de me convaincre d'aller voir un psy, parce que je suis morbide et que je vois le mal partout.
[Hey ! C'est une blague, hein, le coup des oeufs, c'est un banal accident domestique...]
Je crois que ce sont ces autres, qui me regardent comme si j'allais me jeter du Pont Bessière dans le quart d'heure, qui ne m'aident pas beaucoup. (Et les profs qui font calculer des réactions d'appui dans des potences, aussi. (Cynisme, hein, cynisme, qu'on se le dise, j'ai trop l'habitude d'être avec des gens qui prennent tout au premier degré. Non non non, quand je dessine une potence sur ma feuille, je ne m'imagine pas pendouillant doucement au bout d'une corde. Ni même, d'ailleurs, quand je récite la Ballade des pendus de François Villon.))

J'ai réfléchi : je n'ai pas peur des gens, mais des relations. Parler avec n'importe qui, facile, faire le pas qui transforme les "salut, ça va ?" en amitié, ou mieux, sinon, je ne sais pas faire. J'ai peur de me prendre des baffes.
Et puis, je suis drôlement aigrie aussi, et je ferais bien de me défaire de cet état pénible avant de me retrouver vieille fille pour de bon.
Et aussi, je ferais bien de vivre avant qu'il ne soit trop tard.
Ah ah ah... tenez, voilà que je repense à mon prof de philo du lycée, pour qui l'envie de vivre n'était rien d'autre qu'une envie de (me) baiser (exprimée par e-mail, rien de très dangereux, sauf peut-être pour lui). J'avais voulu lui répondre (mais ne l'avais pas fait parce que l'imbécile d'avant m'avait dissuadée de le faire, et que c'était l'époque où je lui obéissais débilement), toute une longue diatribe pour expliquer pourquoi, pour moi, ce qu'il désirait-là, ça n'était pas vivre.
(Cette histoire-là, c'est un exemple de grosse baffe, un peu du type : eh beh, c'est beau ce pour quoi j'intéresse les hommes, parce qu'il faut dire que j'ai l'énorme défaut de généraliser les cas particuliers, et de croire que j'ai raison.)

Je ne sais pas me remettre en questions.
Sauf par périodes.