06 janvier 2014

Retrouvé

J'avais perdu ce blog. Je ne me souvenais plus ni de l'adresse, ni du pseudo que j'y utilisais. C'est V. qui me l'a retrouvé. Alors que, quoi, je lui avais montré peut-être une fois, en 2007 ou 2006. Le retrouver, ça a été vraiment une sorte de soulagement. L'impression d'avoir retrouvé mon passé, mon histoire. Elle a toujours été vraie, ici et dans les trois lieux qui ont précédé. J'ai un peu relu. J'avais une nostalgie de l'adolescence. Je me rends compte qu'elle ne mérite pas qu'on la regrette, malgré cette impression que dégagent les écrits. Je ne sais pas trop comment décrire cette impression. Quand je relis, je réalise la noirceur de ce que j'ai pu écrire, et je suis en même temps aveuglée par la limpidité de ce qui est dit. Les mots posés me font des effets étranges, probablement parce que ce sont les miens, et que je ne m'y reconnais plus aujourd'hui telle que je suis. Ces choses sont écrites d'un ton très grave, alors que c'est rien, finalement. Bref. Depuis Noël je suis dans un état lamentable. C'est toujours cet effet des mois d'automne, il faut que l'hiver avance pour que je me retrouve en vie. J'ai constaté que ça avait une constance dans les années dont les blogs se souviennent. Des automnes et des hivers bien pourris, sans courage et sans espoir. Il faut que ça change, ce qui est probablement la choses que j'ai le plus écrite depuis que j'écris. C'est drôle, enfin, drôle, bon, pas vraiment. Dans les époques bien glauques de ma vie, je dirais, 2005, 2006, il n'y avait, en fait, rien de moche dans ma vie. Oui, certes, mes parents sont ce qu'ils sont, maintenant, je dois dire, je m'en fiche assez, même si sans doute, ce tempérament dépressif, je le dois à ma mère. Je commence d'ailleurs à très sérieusement envisager une thérapie. Et ensuite, une fois trouvée ma voie, il faut bien le dire, tout allait bien dans mes études et ma vie. J'ai vécu deux excellentes années en colocation à N. pendant mon bachelor. V. m'a donné un équilibre. J'ai parfois du mal à savoir ce que moi je lui ai apporté et lui apporte encore, mais je sais ce que je lui dois tous les jours. J'aime le métier que j'apprends et exerce, j'y trouve beaucoup de plaisir. Problème, je manque encore énormément de motivation dans ce que je fais. Je ne sais pas me discipliner, et je commence à désespérer y parvenir un jour. Mais je fais ce que j'ai à faire, et pas si mal. Je suis, bien que ça ait été très laborieux, l'auteur d'un mémoire de maîtrise universitaire plutôt bien réussi, et je crois que mes élèves apprécient de travailler avec moi. Et puis évidemment, il y a V. que j'aime malgré les hauts et les bas, et avec qui nous avons des projets pour l'avenir. Ce qui m'est difficile depuis ces quelques jours de vacances, c'est d'avoir réalisé qu'avant j'ai toujours vécu en me disant que la vie serait mieux plus tard. J'avais cette sorte d'espoir que tout serait de mieux en mieux. Et finalement, plus tard, c'est devenu maintenant, et il y a peu de chances que la vie devienne meilleure, de plus en plus belle et agréable. Je veux dire nous allons vieillir, avoir à affronter des problèmes d'adultes, à côtés desquels les soucis de l'adolescence sont de bonnes blagues... Nos parents vont vieillir. Il y a aura la maladie. Des deuils. De la douleur. Et, en fait, jusque là, la vie ne m'a pas préparée à ça, j'ai été tellement préservée, que j'ai l'impression que ce qui nous attend ne pourra être qu'affreux. Je suis pas prête du tout à vivre l'avenir. Bêtement, je ne pensais qu'à des joies : celle de disposer de soi-même, celle de faire des choix sans en rendre compte, celle d'avoir des enfants et de les élever avec le plus d'amour possible, celle d'avoir un métier que l'on a choisi et que l'on aime. J'ai peur de l'avenir, et je sais qu'il ne pourra pas être beau tout le temps. Il va être dur, avec certitude.