30 mars 2006

D'un côté, il est dix heures et demie, c'est tard, je devrais me coucher dans moins d'une heure pour assurer demain, de l'autre, il est très tôt et si A. n'avait pas changé d'avis, on serait sorties dans deux heures.
J'aurais pu. Parce que M. m'a écrit pour me demander si j'y allais, j'aurais pu lui dire, bah oui, tiens, je viens ! Mais pour des histoires de préloc', j'étais partie sur un je viens pour retomber sur un je vais finir ma série d'analyse. Je trouve ça déprimant. Et je me demande pourquoi lundi je n'ai pas pensé à lui demander, à M., si elle y allait.
Bref.
Ma vie sociale est pire que celle d'un escargot. Parce que je n'ose pas sortir toute seule. Alors à la place, je fais comme mon voisin d'au-dessus, je fume dans ma chambre, et j'espère très sincèrement que ça l'emmerde autant que moi quand il le fait. Et je ne fais pas d'analyse, mais de la topo.
Et demain, comme je suis une grosse crotte qui n'ose pas s'exprimer, j'aurais envie de pousser une gueulante et de dire : "Mais pourquoi c'est pas le mardi qu'on mange à l'uni ?". Le lundi et le vendredi, ah ah, c'est bien beau, ça, mais moi j'ai cours quasiment un km plus loin. Alors manger, c'est une opération commando qui me fait courir deux kilomètres. Marcher, ou manger seule, tel est mon dilemme.

29 mars 2006

Hier soir, A. me demande de venir dormir chez elle, parce qu'elle est seule dans sa coloc' cette semaine et qu'un type inconnu est monté jusqu'à son appartement, ce qui l'effraie, la porte d'entrée de l'immeuble ne fermant plus. Je réussis la plus belle rösti de toute ma vie qui grille gentiment et reste compacte, je la dévore, me douche, rassemble grenouille et autres affaires de nuit, et part jouer ce rôle de securitas qu'elle sollicite moins souvent que l'an passé.
Depuis une semaine, je tousse, et après que nous ayons parlé de n'importe quoi pendant plus d'une heure, je n'arrive pas à m'endormir, et n'ose pas tousser de peur de l'empêcher de trouver le sommeil. Après deux heures, je sombre et rêve d'infection urinaire curieusement indolore mais sanglante, au réveil je me crois atteinte.
Comme je dors chez A., je n'ai pas la tentation de sécher le cours du matin, alors j'y vais, et manque de m'étouffer pendant la première heure, remarque que la toux marche comme les baillements : je suis l'instigatrice de chacun des mouvements bruyants qui traversent l'auditoire. Je me demande combien qui ignoraient jusqu'à mon existence se mettent soudain à me haïr.
Toute la journée, j'ai mal à mon bras gauche, je m'aperçois tout à l'heure en allant me doucher qu'un élastique à cheveux remonté très haut le long de mon bras me coupe le sang.

L'après-midi, j'achète un parapluie chez H&M, parce que j'ai la flemme d'aller jusqu'à la Migros où pourtant je me déplaçais fréquemment l'an passé pour acheter des tartelettes aux noix des Grisons que je ne consomme plus. J'espère qu'il pleuvra demain pour pouvoir l'essayer et sans doute l'oublier dieu sait où, comme le précédent.

Je me déshabille pour me doucher et je trouve mon corps d'une vulgarité répugnante. J'hésite longuement entre mon gel douche pomme-melon et celui coordonné au parfum que je mets que ma mère m'a offert à Noël. C'est deux façons différentes de voir les choses. Mon Petit Marseillais pour enfants est justement pour enfants, sans doute trop fruité, peut-être écoeurant, bref, régressif il me rappelle le Petit Dop de mon enfance, quand je prenais le bain avec ma soeur. L'autre sent l'adulte avec tout ce que ça implique. Quand ni l'un ni l'autre ne me conviennent je me douche avec le savon pour les mains collectif et inodore.

(Juste penser à rien. Laisser les doigts gambader bêtement sur le clavier.)

J'ai envie que le semestre soit fini. J'ai envie d'être en septembre et d'avoir passé l'oral de maths pour avoir fini avec la maturité. Et peut-être réussi. Parce que sinon, je sais pas. Alors j'ai peur.

25 mars 2006

Un jour, j'oublierai, mais vraiment, pas pour faire semblant et en reparler le surlendemain. Pour de vrai de vrai. Je suppose que ce jour-là, quand j'entendrais Bénabar chanter "Je suis de celles" je ne pleurerai plus.

"Je le sais, je l'affirme [tu] m'aim[ais] un peu "

Cette nuit-là, tu t'es endormi avec un bras autour de moi. Beaucoup plus tôt, tu m'as gardée serrée tout contre toi, longtemps, longtemps, et c'était bien. Le lendemain matin, tu m'as demandé "Fais-moi un câlin..." comme un autre aurait pu désirer qu'on lui dessine un mouton, mais je ne sais pas faire les câlins. J'avais l'impression que tu venais de tomber sur une planète dont tu ignorais tout et que tu avais la curiosité de vouloir l'explorer.
C'est trop facile à dire, et pourtant c'était ça.
Trente secondes de bonheur. Oui, de bonheur. Le mur, je l'avais entamé, j'en étais sûre, et peut-être j'allais pouvoir ramasser quelques pierres pour moi.
Après, tu m'as baisée. Pas bien. Brutalement. Des choses dont je n'avais pas envie. Tu t'es rendu compte, ensuite, que je pleurais en douce, je crois. Tu m'as attirée contre toi, t'as dit : "Là, là, c'est fini." ou un truc de ce genre de bêtises que l'on dit pour consoler les petites filles.
Je me suis douchée. T'as crié : "Hé ! Tu fais vite, hein !". Je t'ai demandé d'enlever l'étiquette de mon débardeur neuf. Et quand m'a soeur m'a appelée, tu m'as engueulée, parce que je n'étais pas assez ferme avec elle.

Je me suis endormie pendant que tu regardais la télé. Je pense que tu es sorti pendant mon sommeil, voir tes amis que j'étais trop peu de choses pour que tu me les fasses rencontrer.
D'abord, tu m'avais baisée. Pas bien. Brutalement. Des choses dont je n'avais pas envie. J'avais pas envie de pleurer non plus. Tu m'as repoussée doucement quand même, t'as dit : "T'es p'têtre pas faite pour ça, finalement.".
Je me suis douchée à l'eau glacée. J'ai mangé les nouilles que tu m'avais préparé et puisque tu regardais la télé sans me parler j'ai sorti un livre quelconque avant de retourner me coucher, un livre sur lequel je me suis endormie.
Le lendemain matin, tu as rangé ton studio. Tu as ramassé un pantalon, et tu as dit : "C'est ça le problème quand on baise chez soi, c'est que ça fout le bordel... Ah, ouais, t'es en train de te dire que c'est pas le pantalon que j'avais hier... Bah quoi, t'es pas la seule fille sur terre.".


Qu'on ait été en février ou en novembre, j'étais là pour que tu me tiennes chaud.

"Celles qui ont l'habitude qu'on les cajole ignorent la solitude que rien ne console."


Pas ressasser. Pas ressasser...
Et si c'était la dernière fois ?

Pas envie de rentrer à la maison demain.

Envie de faire table rase. Envie de me débarrasser de ces souvenirs-là. Envie de mettre à la place une histoire chouette. Tu sais, et je pourrais en parler avec un genre de nostalgie qui me ferait briller les yeux, et on serait amis maintenant. On aurait été bien ensemble, et ça aurait duré le temps que ça aurait duré. Tu te serais jamais amusé à me blesser tout en me regardant encaisser.
T'aurais pas été un foutu pervers sadique, dans une autre vie.

Je promets rien. J'ai envie d'essayer d'oublier que t'existe. Et pourtant, d'ici je ne sais pas combien de temps, j'aurais à nouveau envie de te flanquer un gros coup dans la gueule.

24 mars 2006

Deux heures de cours viennent de sauter, il répète, deux fois, ou peut-être plutôt trois, même : "Alors on va boire un verre !" et c'est à moi qu'il s'adresse. On dirait bien.
Et moi, je tourne les talons après avoir dit : "Ouééé cool, c'est le week-end !" et pas un mot de plus.

Il me faudra trente secondes, une volée d'escaliers pour me rendre compte...
a. de mon impolitesse
b. que ça devait signifier en langage naturel, sans prise de tête : "Tu viens ?".

Il faudrait que je me lève et que j'aille m'éclater la tête entre les portes de mon armoire. Ah ah ! Ridicule.


Ce midi, j'ai mangé avec une vieille copine qui était dans ma classe entre le CM2 et la quatrième ; à l'époque, un connard nous appelait Laurel et Hardy — ça n'était d'ailleurs pas si bien trouvé que ça, puisque, d'après ce que je sais, l'un est grand et maigre alors que moi, j'étais petite et maigre... Aujourd'hui, il est en troisième année de médecine, et moi je m'apprête à redoubler ma première année d'études. C'est un connard, mais il réussit mieux que moi. Il était déjà à l'époque premier de classe, avec ses pantalons de velours et des chaussettes blanches qui dépassaient de ses mocassins.

Je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer en personne le témoin de Jéhova. A la place, il a mis une petite carte dans ma boîte aux lettres (aux factures, et aux pubs, plutôt), sur laquelle il m'écrit que, désolé de n'avoir pu me parler, il me laisse "un petit dépliant incitant à la lecture de la bible". Je l'ai lu, ça n'incite pas du tout à lire la bible, non, du tout, ça incite plutôt à s'asseoir tranquillement, et à attendre l'apocalypse, tout en se posant une question essentielle :
page 2 : "Mieux encore, dans ce monde nouveau, les morts seront ramenés à la vie et pourront avoir part, eux aussi, à ces bienfaits. "Il va y avoir résurrection tant des justes que des injustes." (Actes 24:15). "
page 6 : "Qui restera en vie quand la fin viendra ? La Bible l'indique : "Les hommes droits sont ceux qui résideront sur la terre, et les hommes intègres sont ceux qui y resteront. Quand aux méchants, ils seront retranchés de la terre." (Proverbes 2:21, 22)".
Qui restera, alors ? les bons, les mauvais ou tout le monde ?
Je trouve que ça se contredit un peu.

23 mars 2006

1. Attrapez le livre le plus proche de vous, allez à la page 18, qu'y a-t-il d'écrit à la 4ème ligne ?
"3 Les plans d'études visés à l'art. 6, al. 2 de l'ordonnance sur le contrôle des études sont conçus de façon à..."

2. Étirez votre bras gauche aussi loin que possible...
Un Barbapapa déstressant.

3. Quelle est la dernière chose que vous ayez regardé à la TV ?
CNN en fond sonore en petit-déjeunant.

4. Sans vérifier, devinez quelle heure il est :
Neuchâtel : 11h, Sydney : 20h. Merci Couleur3. C'est de la triche, mais absolument pas préméditée.

5. Maintenant, vérifiez, quelle heure est-il réellement ?
11h01.

6. En dehors du bruit de votre ordinateur, qu'entendez-vous ?
Couleur3 ou Option Musique, je change toutes les dix minutes, puis les bus qui passent.

7. Quand êtes-vous sorti pour la dernière fois ? Qu'avez-vous fait ?
Hier après-midi promenade en ville avec A., regardage des magasins de fringues. Grande déclaration d'amitié de sa part, chuis pas douée pour y répondre comme il faut, je crois. Ce qui signifie en tout cas qu'elle m'a pardonné de lui avoir dit que je la trouvais pathétique avec son histoire de mec. Ouf. Et puis j'ai des tas d'idées de vêtements comme je voudrais, mais je ne trouve rien qui y ressemble. Ou bien alors les jupes sont trop longues, ou trop larges (pourquoi certains magasins ne vendent plus de taille 34 ou XS ?), et les pantalons ne vont jamais, ect. donc je n'ai rien acheté.

8. Avant de commencer ce questionnaire, que regardiez-vous ?
Géologie : bases pour l'ingénieur.

9. Que portez-vous ?
Un jean, un pull rose. Je devrais profiter de sécher les cours pour faire la lessive.

10. Avez-vous rêvé la nuit dernière ?
Oui : je tabassais méchamment mon petit frère.

11. Quand avez-vous ri pour la dernière fois ?
Je crois que j'ai oublié. Peut-être hier, mais ça n'était pas marquant. Avant les exos de géométrie mais pas vraiment, c'était juste dire des conneries avec les collègues.

12. Qu'y-a-t-il sur les murs de la pièce où vous vous trouvez ?
Un poster avec une grenouille verte qui dit : "Lach doch mal", des feuilles blanches avec des formules de trigo, un lot de cartes postales avec des animaux et d'autres avec des batraciens de chez IKEA.

13. Avez-vous vu quelque chose d'étrange aujourd'hui ?
Entendu, oui : ma voisine d'à côté semble se jeter violemment contre le mur depuis 5 minutes.

14. Que pensez-vous de ce questionnaire ?
Le fait que je sois en train de le remplir prouve que je n'ai aucune discipline.

15. Quel est le dernier film que vous ayez vu ?
American Love. Une connerie en dvd. Mais c'était un peu marrant.

16. Si vous deveniez multi-millionnaire dans la nuit, qu'achèteriez-vous ?
Un amoureux bien sûr... Ah... on me souffle que ça ne se vend pas... Alors un abonnement téléphonique avec connexion internet. Un bon dictionnaire, et une grammaire.

17. Dites-nous quelque chose que nous ne savons pas à propos de vous :
Je trouve la rhodocrosite colorée en rose par le manganèse très jolie. Je viens de le découvrir.

18. Si vous pouviez changer une chose dans le monde, en dehors de la culpabilité ou de la politique (et tout le tralala), que changeriez-vous ?
Sans déconner : les brevets sur les médicaments. Plus égoïstement, je baisserais le prix de la rösti d'au moins 50%, ou mieux, je supprimerais la géologie de mon plan d'études. J'instaurerais une règle stipulant que les fabricants de chaussures ont l'obligation de produire tous leurs modèles pour femme à partir de la taille 34, et pour les vêtements à partir du xs. Non, je ne suis pas monomaniaque, juste beaucoup trop petite.

19. Aimez-vous danser ?
Pas vraiment, enfin, ça dépend des jours. Danser en boîte, ça m'ennuie vite, sauf si j'ai envie de me défouler et que j'ai bu. Remuer mes fesses sur ma chaise en bossant, dans l'intimité, parfois.

20. George Bush :
M'en fout. Là, je suis plongée dans la géologie, pas dans la géopolique.

21. Quel serait le prénom de votre premier enfant si c'était une fille ?
Solveig

22. Quel serait le prénom de votre premier enfant si c'était un garçon ?
Arthur

23. Avez-vous déjà songé à vivre à l'étranger ?
Déjà fait, quoique, maintenant c'est chez moi. Mais si j'ai les notes suffisantes pour, un échange en troisième année est une idée qui me tente bien.

24. Que voudriez-vous que Dieu vous dise quand vous franchirez les portes du paradis ?
Dîtes, combien de gens meurent par seconde ? Je préfère qu'il ne dise rien, parce que je suis certaine qu'aux portes du paradis, c'est plein de courants d'air dans lesquels j'ai pas envie d'attendre.

Qu'est-ce qu'on fait pas, quand on a pas envie d'apprendre.

La géologie, c'est dur, parce que ça me fait peur.
En terminale, la notion d'infini, P. , ça lui faisait faire des crises d'angoisse. Et je me moquais.

21 mars 2006

J'apprends ma géologie en rêvassant.
La dernière fois que je suis allée chez N. en France, j'ai rencontré J. dans le TGV. Je suis tombée amoureuse de J., avec la valeur qu'on peut donner à mes chutes en amour, et j'en profité pour me mettre à haïr N.. C'était une visite en France très productive.
Demain, sans doute, je vais voir J pendant peut-être cinq minutes au moins, j'espère. Et comme à chaque fois je vais rougir. Et j'oserais pas lui parler. Peut-être parce qu'il a vu ma culotte avant de savoir mon prénom, et qu'il n'a peut-être pas oublié les deux.

J'ai tout imaginé, retourné toutes les possibilités dans des sens impossibles ou pas, et ce qui pourrait arriver, s'il y met du sien, a de quoi alimenter mes fantasmes pour les dix ans à venir.
Rien n'arrivera comme j'en ai envie. Au mieux, il me dira juste salut. Au pire, je verrais qu'il a une copine, puisqu'il l'embrassera juste sous mon nez.

Ce que je veux ? J'en sais rien. Mon corps veut faire l'amour. Toute la nuit, et peut-être même aussi une partie de la matinée.
J'imagine qu'il m'invite à prendre un café et qu'il n'a rien oublié de notre rencontre dans le train. J'imagine qu'il me dit que je lui plais, mais qu'en novembre, il a cru que c'était à mon copain que j'allais rendre visite.
Il allait chez ses parents. J'ai simplement dit, j'vais voir un copain, il est étudiant en philo, ça me changera les idées.
De quoi il m'a parlé ? De son chat, ou plutôt de ses idées en matière de noms de chat, de ses frères et soeurs, de ses études, de l'école et des profs, et puis, c'était la correspondance que je redoutais.
A vrai dire, je ne me souviens pas de grand chose. Je l'écoute, je lui souris, je lui réponds le moins bêtement possible, j'essaie d'être là au maximum malgré le tumulte dans ma tête, les oui, les non et les insultes. Tout qui tremble, l'estomac serré.
Le train, j'y suis montée parce que j'avais le billet, avec l'impression de faire une grosse connerie. Puis, dans le train, c'est J qui est monté, que je savais avoir déjà vu ailleurs et qui s'est assis en face de moi. Alors j'ai sorti un de ces livres de cours qui veulent dire beaucoup pour qui les connaît, l'école et la filière, qu'aussitôt ouvert j'ai fermé, vu qu'il avait posé la question que j'attendais.
Après, je me suis sentie très maligne, sur le coup de la ruse du livre. Et j'ai pensé qu'au moins, je me serais amusée pendant une bonne heure.
Plus tard, après que je me sois penchée pour ramasser ma bouteille d'eau qu'un virage avait fait gicler, il m'a regardée en souriant grand, se marrant presque, et j'en ai déduit que sous ma mini-jupe, c'est ma culotte qu'il a vu, et le haut de mes bas.
Après, c'est finalement très glauque, quand j'y repense maintenant assez froidement, à la correspondance je me suis lavé les dents et remaquillée, puis je suis allée finir d'attendre le train sous la pluie. Dans le train, j'ai eu peur. Un type me regardait étrangement, j'ai eu envie de pleurer. Je devais faire pute.
Au moins, cette fois, il était là quand le train est entré en gare, j'ai été aimable, je lui ai donné l'un de mes sacs. Il a dit : "Tu garderas ta jupe. J'espère que tu veux pas te doucher avant : j'ai pris un bain, alors y'a plus d'eau chaude. T'as besoin de manger avant de baiser ?"
Il n'a pas demandé comment j'allais, ni si j'avais fait bon voyage. Je lui ai dit : "J'ai rencontré un charmant jeune homme dans le train.". Il a répondu que je n'avais aucune chance de le rendre jaloux. Je l'ai trouvé plus perspicace que J, mais je serais bien retournée dans le train, pour les bonnes raisons cette fois-ci.

20 mars 2006

Je ne l'aime plus. Elle traîne avec des types que je trouve vraiment imbéciles.
J'ai choisi quelqu'un d'autre. Un étrange spécimen qui m'amuse un peu beaucoup. J'essaie de tenter d'inventer une stratégie de rapprochement, parce que l'approche, j'y arrive plus ou moins selon les jours.

Je crois qu'il y en a qui couchent avec les assistants pour des notes. Qui couchent, ou autre chose, en tout cas qui copinent. Oui, si vous voulez, jalouse. Mais j'ai eu deux fois 4,5, et ça, c'est chouette. Enfin, ceci dit, quand on voit ce qu'on voit, qu'on entend ce qu'on entend et qu'on sait ce qu'on sait, eh bien on a bien raison de penser ce qu'on pense, mais on peut aussi se tromper. Et je ne saurais jamais le fin mot de l'histoire. Parce que tirer des vers du nez d'une fille qu'on ne peut pas voir, et qui le rend bien, c'est assez problématique. Quoique... Je vais tenter l'infiltration par une voie détournée, j'ai des pistes, ça peut marcher.

Il existe, globalement, deux sortes de filles : celles qui ont les cheveux longs bien tirés, vraiment coiffés, parfois de manière sophistiquée, et les autres, celles qui mettent un élastique dans une tignasse pas peignée ou qui ont des coupes un peu curieuses, déstructurées, ou les cheveux courts.
Il existe aussi quelques exceptions et des sous-catégories dans chacune d'entre-elles, et des fois certaines trichent.
Les biens coiffées : d'une part les pétasses dont les cheveux en arrière ne vont pas sans le jean bien collant, braguette sur le derrière et sweat à strass, et de l'autre côté, les jeunes-filles sages dont il n'y a pas grand chose à dire. Les pétasses trichent en adoptant, souvent après une permanente, le genre "sauvageone", mais ça prend rarement, la faute aux deux tonnes de maquillage.
Les mal coiffées sont souvent alémaniques, très natures, ou alors n'ont pas de chance avec leurs cheveux, ou pas le temps de les arranger.
La deuxième catégorie m'emmerde moins, ne me donne à peu près jamais d'envies de gifles.
Un jour, promis, j'arrêterais d'être caractérielle.

Je suis plutôt de la deuxième catégorie, deuxième sous-partie, parce que je considère mes cheveux absolument nullissimes mais aussi mal-coiffage qui ne signifie pas manque de temps, mais plutôt bordélisme. C'est ma brosse à cheveux qui disparaît, ou le temps qui devait servir à démêler mes cheveux tricolores que j'ai égaré, ou plutôt gâché. Je me planque sous des simulacres d'organisation, mais ils ne dénoncent que mieux mon manque. Numéroter très strictement mes notes de cours ou mes pages de polycopié, c'est nécessaire uniquement parce qu'elles vont forcément tomber, que je vais les poser quelque part, pour les retrouver dans deux mois, ne sachant même plus de quelle matière elles traitent.

Cette stupide histoire de cheveux sème le trouble en moi.
Parfois, j'aimerais bien être de ce genre de fille sophistiquée, alors j'attache mes cheveux, et j'ai l'impression désagréable d'être quelqu'un d'autre.
Enfin, ceci dit, j'ai toujours l'impression de jouer à quelqu'un d'autre.

16 mars 2006

Hier, je gribouillais ces conneries.

Je reste sensible à des attitudes. Je vois : "Celui-là, il se tient comme lui, quand il fume sa clope, on dirait lui."et je frissonne. J'espère que c'est lui, je veux que ce soit lui et j'y crois pendant un instant, puis le sujet se retourne, où alors, il mesure vingt centimètres de plus, ou de moins, et je finis bien par m'en rendre compte. Ce n'est pas lui, ce qui semble, ce qui est, finalement, totalement normal : que ferait-il ici ?
Il y a quelques temps, sous prétexte qu'il m'avait vue descendre du train à F., un imbécile est venu s'asseoir à côté de moi en cours. Oui, je dis imbécile parce qu'il était couvert de boutons, porteur d'un appareil dentaire et que je le trouvais malodorant mais s'il eût été séduisant, oui, tout ça, tout ça...
J'étais peut-être bien disposée ce matin-là, parce que, quand il m'a demandé d'où je venais (sans même s'enquérir de mon prénom), je lui ai répondu, puis, poliment, puisqu'il faut convenir que je n'en avais rien à faire, je lui ai retourné la question. Il vient de la même périphérie que lui ; un instant, j'ai hésité à jouer à ce jeu que les gens affectionnent particulièrement, mais dont j'ai rarement eu l'occasion de faire une partie : "Tu connais N ?" , sauf que je n'en ai pas eu le temps, puisqu'il a lancé la question que j'attendais : "T'étais dans quel collège ?". J'ai avoué ma tare : le bac français dans l'école privée, et il ne m'a jamais reparlé.
Aussi fort que moi dans le préjugé.


Aujourd'hui, une demoiselle inconnue au bataillon, puisque provenant d'un autre, est venue poser son postérieur à côté du mien. De F. aussi, mais française aussi, et puis, connaissant de par ses parents, des profs de mon ancienne école...

15 mars 2006

Le cours d'histoire économique et sociale où l'on va parler de mondialisation, je sens qu'il va me plaire. Chut... Il ne faudra pas le répéter trop fort, mais je prends un plaisir fou à prendre en notes des choses faciles que je comprends, plutôt que de recopier le tableau à toute vitesse en remettant le moment de la compréhension à la pause de midi...

J'aime pas l'analyse et encore moins la physique, mais ça ne semble pas avoir quoi que ce soit d'extraordinaire.
Après deux journées de cours, deux longues journées de huit heures chacune, mes yeux se ferment tous seuls.
Huit heures et demie et j'ai déjà envie d'aller dormir.
J'essaie de faire un planning raisonnable répartissant intelligemment mon temps pour tous le semestre. Je suppose que dormir d'avantage ne peux que me rendre plus efficace, qu'une heure de sport au moins ne peut me faire que du bien, qu'il faut que je reste à la bibli au moins trois soirs par semaine, que je ne manque aucune séance d'exercices et que j'y pose les questions nécessaires...
J'ai l'impression d'être comme devant la piste de course du bac. Cinq-cent mètres qui en paraissent dix fois plus à s'envoyer trois fois, et auxquels je croyais chaque fois ne pas devoir survivre, qui finissaient toujours derrière moi. Un mois de juin trop chaud mais pas suffocant, un peu venteux, et le soleil derrière la ligne d'arrivée, la masquant, laissant craindre sa disparition.
J'en rêve encore.

(Lendemain matin)

13 mars 2006

Pendant les cours, j'ai été sociale.
Mais au foyer, ouch. Autant si un jour je suis capable d'être parfaitement fréquentable, de m'expliquer clairement en articulant normalement, il y a de chances que le lendemain je ne puisse que sursauter en croisant quelqu'un quand je me dirige vers les chiottes et ne laisser entendre de mon "salut" courtois qu'un grognement "Uh!" avant de me retrancher en toute hâte dans mon antre. Dans la même veine : me sentir chez moi en faisant cuire mes nouilles le lundi, participer à la discussion... puis avoir l'impression le mercredi d'être une intruse dont on se débarrasserait bien.
C'est le choc des ambiances. Quatre interlocuteurs pendant les vacances, sans compter des intervenants furtifs comme l'amoureux de ma soeur ou l'opticien... et là, en vingt-quatre heures, je ne peux plus compter à combien de personnes j'ai parlé.

Quatorze semaines abominables m'attendent. Je veux dire, du point de vue du travail à fournir. Comme je dois repasser mes deux épreuves de maturité à l'automne, je ne vais pas pouvoir partager mes examens de fin d'année entre les deux sessions d'été et d'automne, à cause du risque de voir une épreuve de maturité tomber en même temps qu'un examen... Ce qui veut dire qu'à la fin du semestre, je dois être au point dans sept matières. Bien sûr, ça ne paraît pas énorme, mais ça semblerait bien plus facile si je savais que j'aurais tout l'été à disposition pour apprendre les matières à mémoriser, mais d'autre part, je n'aurais pas assez d'août et d'un bout de septembre pour la maturité...
Et finalement, avec le départ pour la Croatie le 22 juillet (normalement, si j'ai bien suivi, mais faut dire, les projets parentaux pour les vacances, ils changent tout le temps), lendemain de la fin des examens, et retour deux semaines plus tard, avec le début de la session d'épreuves de maturité le 5 septembre (si j'ai bien lu), j'aurais pas trop d'un mois pour avaler toute ma physique et me remettre en tête les maths. Enfin, l'intérêt des vacances en bateau, c'est que sur moins de dix mètres, je peux pas trop me cacher de mes parents afin de glander tranquillement, qu'il n'y a ni télé ni internet, et que ça m'oblige à un mode de vie très sain, me coucher le soir sans lire, ni écrire pendant des heures, pour des raisons évidentes de batterie limitée et à me réveiller tôt en même temps que tous le monde à cause d'une isolation inexistante, et puis ne rien manger par absence de provisions, si tout se passe comme les deux fois déjà si lointaines où nous y sommes allés. J'espère que ça va se faire.

10 mars 2006

Très bonne humeur ce matin :



C'était cet examen où tout le monde trichait tandis que le prof ne regardait rien, duquel j'étais sortie enrageant de n'avoir pas eu l'intelligence de garder mes notes à portée de main ; j'imaginais avoir un 2.
Je suppose que beaucoup s'en sortent avec un 6, mon 5 me satisfait largement, d'autant plus qu'il fait passer ma moyenne de sciences-humaines au dessus de 4 !

07 mars 2006

J'ai perdu une page du stupide Réveillon chez ma grand-mère - c'est un titre provisoire - dont j'essaie d'écrire chaque jour quelques nouveaux paragraphes. C'est décousu, ça ne mène à rien. J'ai entamé ce truc après que l'ennui m'ait fait lire jusqu'au bout ce livre qui ne m'intéressait pas : Trois jours chez ma mère, le Goncourt de cette année, je crois.

On parlait tout à l'heure de l'état dans lequel nous avait plongé - ça ne veut rien dire, je n'ai pas eu l'impression que nous ayons spécialement changé d'état - la seule et unique fois que ma mère est partie en nous laissant avec notre père. On se rappelle l'engueulade entre ma soeur et mon père qui ne voulaient pas la laisser sortir, et l'on dit, l'air de rien, d'ailleurs on avait oublié : "Ah ouais, mais il était bourré.". Et puis finalement, ça ne nous choque pas. Parce qu'à côté du fait que souvent ils boivent trop, ils restent plutôt fréquentables, les parents. Il gagne bien sa vie, notre père, mais il ne fait que ça.

Peut-être que je vais aller me coucher avant d'être malade. C'est bien parti là, troisième fois en trois semaine. Migraine ou je ne sais quoi. Je me réveillerais un peu plus tard avec un mal de crâne pénible, juste au niveau du sourcil, sans doute le gauche, même si ça se déplace à l'autre parfois. Puis au bout d'un moment j'irais aux chiottes vomir ce qui restera dans mon ventre de mon dîner, puis la journée de demain, je la passerais à somnoler entre télé et lit, entre structures et Everwood et Malcolm...
Et puis j'irais consulter un jour ou l'autre, et le médecin n'aura rien à me dire et rien à faire pour éviter que ça recommence.
Et ça devient pénible.

05 mars 2006

Ce ne serait finalement pas à toi que j'ai suggéré si gentiment d'aller se jeter sous un train ?
Maintenant que je relis le message, j'ai comme un doute. Il y a ce "ki" : "Coucou devine ki c'est....." et cette absence de ponctuation qui ne te ressemblent pas. Je crois que j'ai pris mon désir pour la réalité. Et puis, avec P. chez toi, P. pour te dire à quel point je t'en voulais, que je n'avais plus la moindre envie de te voir te manifester à nouveau, je m'attendais à ce que ça excite ton besoin de me faire mal, de me montrer que tu es vingt fois plus fort que moi, capable de me nuire quand moi j'ai agité les bras sous ton nez en hurlant "Regarde-moi ! Bordel regarde ! Qui t'aimera comme ça sinon moi ?" pendant des mois sans jamais n'avoir plus d'importance d'un ridicule moustique.
J'avais l'envie inavouée d'un signe de toi auquel répondre agressivement.
Et ce sms d'un numéro français inconnu, vu que j'ai effacé le tien un matin où je me suis réveillée avec l'impression que c'était la chose nécessaire du jour, avec P. qui devait être chez toi depuis une heure ou deux, c'était tellement facile de se persuader que tu en étais l'expéditeur.
Alors, je me dis, le "ki", les quatre points de suspension, c'est peut-être mon ami de collège F, à qui ça ne serait pas très aimable d'avoir dit de se tuer.
Pénible. D'espérer que tu puisses avoir encore envie de moi, et que je pourrais tenir ma vengeance en me refusant.
P. a dit l'autre soir : "Il déprime depuis qu'il n'a plus Luce comme régulière.". J'ai eu envie de vomir.
Evidement. C'est plus dur sans Luce qui dit toujours oui, qui passe des heures en train et ne te demande pas un sou, qui n'émet ni refus ni demandes...
Alors qu'est-ce que tu fais ? Tu cherches des gamines de 14 ans sur le net, parce que "ce sont les plus salopes" comme tu dis.


Edit : C'était vraiment F. Je devrais cesser de penser à N.. Visiblement il ne cherche pas à me persécuter. Quelle connerie que j'en sois déçue.
P. en Suisse, ça fait faire un retour en arrière. Une soirée passée avec lui et deux filles de terminale L ici, à F. Boire des verres, ci, puis là, où passa notre ancien prof de philo avec qui nous avons encore discuté plus d'une heure. Le prof de philo, celui qui m'avait écrit pour me dire qu'il voulait coucher avec moi. Il s'en rappelait. Je préfère ça, plutôt que s'il l'avait oublié, d'ailleurs.
F.. Je la hais, cette ville. Je n'ai plus grand chose en commun avec ces anciennes connaissances de lycée, dont je me demande si j'ai vraiment été l'amie. Alors, plaisir d'entendre L me dire que ça se voyait que j'étais mieux dans ma vie, d'avoir l'impression que P me trouvait plus jolie que dans son souvenir...
Et les entendre tous dire que N. (le Lui, l'imbécile, etc) devenait vraiment pénible à ne penser, à ne jurer que sur le sexe, ça m'a évidement fait du bien. Le problème, ça n'était pas moi, c'était lui. Je crois. Le prof de philo disait : "Mais il a tout compris, l'amour, c'est juste la baise." Et puis, N. qui se vante de tout ce qu'il m'a fait, et qui me méprise complètement, m'a dit P.
C'était une soirée agréable. Revoir P. c'était étrange. Je pense que sa rupture l'a changé, comme il disait. On a grandi, autant lui que moi, et j'ai l'impression qu'on pourrait s'entendre beaucoup mieux qu'avant, mais à quoi bon ? Je lui ai dit tout ce que je gardais sur le coeur, cette trahison énorme, la douleur de comprendre mon insignifiance, car "J'avais toujours pensé que si quelqu'un pouvait dire à N : "Fais gaffe à Luce, c'est quelqu'un de pas très solide à qui je tiens." ben ça serait toi.". Et vous savez quoi ? cette putain de déception, elle va me rester sur le coeur pour toujours, parce qu'il ne me rendra jamais toutes les heures que je lui ai données, toutes les fois où j'ai cherché à le comprendre, à le rassurer, toutes ces fois où je pensais construire une relation amicale qui ne faiblirait jamais.

Comme pour ne pas laisser filer le souvenir de ces retrouvailles, nuit blanche, alors j'ai franchi la porte de l'appartement loué à Champéry pour la semaine par mes parents, à 8h30 précises, rapportant le Matin Bleu, butin du périple commencé à 5h30 avec le premier bus. Je voulais voir le jour se lever sur le lac, mais sans grand succès, par contre l'e-mail que j'ai écrit à P. en termes de ramassis de conneries, c'était un succès.

Les 50 ans de mon père.
Mais, ça vous rend pas tristes de ne pas avoir d'amis avec qui fêter ?
Ils disent que non.
La vie de mes parents me fait peur.
Des 18 bouteilles qui nous ont accompagnés au ski, il n'en est revenu que 2. Pour deux personnes et six jours, ça fait beaucoup.