19 février 2006

Bien, c'est maintenant un peu mieux. Pas très différent, mais sans doute tout n'est pas complètement terminé.

Vacances, alors on lâche l'ordinateur pour aller se vautrer devant la télé beaucoup plus que de raison. Je fais du sport par procuration "Oui m'man, faut que je bosse, mais les jeux olympiques, c'est qu'une fois tous les 4 ans...". Alors même si je hais le patinage artistique, il fallait bien regarder Stéphane Lambiel ramasser la médaille d'argent, et puis aussi, quel moment hilarant j'aurais manqué si je n'avais pas vu une stupide américaine perdre sa première place en border-cross pour avoir voulu frimer en grabant sur le dernier obstacle, offrant la médaille d'or à la Suisse. S'amuser en critiquant les français aux commentateurs sportifs hallucinants de chauvinisme, zapper de la télé suisse à la française rien que pour entendre les commentaires quand une française tombe... Et puis calculer des intégrales : dix par jour jusqu'à la fin des vacances.

Il y a eu, et c'était le seul "évènement" de la semaine, le sms de P, lundi dernier. P, l'unique autre élève de ma série en terminale. P, c'était le 30 juin juste avant les résultats du bac, après le souper d'adieu des terminales, on a fini la nuit dans mon lit. Après, on ne s'est plus vu que deux fois, je crois. Puis, en mai dernier, quand l'imbécile de service s'est amusé à me détruire, il a trouvé bon de me répéter en quels termes P s'était foutu de ma gueule après la dernière fois que j'ai pris de ses nouvelles, alors j'avais décidé qu'il n'existait plus pour moi. Il disait dans son message qu'il serait en Suisse bientôt, qu'il avait changé, et qu'il aimerait bien me voir. J'ai répondu que son hypocrisie faisait peine à voir ; au moins il ne cherche pas à s'en excuser : oui, mais depuis sa copine l'a largué, et alors il a grandi. L'aurais-je vexé en lui disant qu'alors c'était heureux qu'elle se soit débarrassé de lui s'il attendait ça pour grandir ?
J'en ai quelque chose à faire car j'aurais bien aimé le voir et régler tous mes comptes avec lui...

Des choses à dire, il y en a, mais elles me concernent si peu, me sont tellement étrangères que j'en suis jalouse, incapable d'en parler comme je voudrais. Il y a ma soeur et les boîtes en cartons dans lesquelles elle stocke les lettres, les souvenirs...qu'elle garde de ses diverses histoires d'amour, et je n'arrive pas à comprendre pourquoi pas moi, qu'est-ce que j'ai de moins ?
Il y a mon père qui ressort à ma mère une lettre qu'elle lui a écrit alors qu'ils avaient mon âge, et moi je me rends compte qu'à l'état actuel ma vie n'a absolument rien de solide, et même que l'oiseau de Constantin Brancusi, il en a un, de socle, et même qu'il est un des premiers artistes à faire du socle une part entière de son oeuvre, qu'il n'y a rien de beau qui puisse me consoler. Pas de projets, pas de rêves, juste, tout est tellement plat, tellement vide.
Et toutes les fois à le répéter n'y changent rien.

Encore trois semaines de vacances. En attendant, tout m'ennuie, j'ai hâte de retrouver l'illusion de fébrilité qui m'évite de trop penser des jours en cours.

11 février 2006

Retour à la maison pour un mois incessamment.
Valise à faire, linge sale à rassembler, affaires de cours essentielles à déterminer (toutes, bien sûr, des matériaux à l'analyse...)

Au prochain semestre, nouvel horaire, 35 heures, ça n'en fait rien qu'une de plus qu'au précédent... J'ai hâte d'y revenir.
Pour rester dans l'esprit, dès lundi j'ai décidé de m'astreindre à suivre presque à la lettre l'horaire des cours dans mes révisions, plus débordement en dehors de ces heures fixes pour les deux matières qui sont examinées à la rentrée.

Hier soir, là où je n'avais qu'une envie modérée d'aller, je ne me suis pas ennuyée. Je trouve les gens de l'uni, ou du moins les amis de C, beaucoup plus ouverts que ceux du poly, mais c'est vrai que je ne suis jamais allée boire de verres avec ceux de ma classe.
Au prochain semestre, il faudra que je me décide à aller aux apéros et autres soupers de classe, si je veux finir par m'intégrer, rencontrer des gens, et m'ouvrir aussi d'avantage, dépasser ma timidité et mes préjugés.
Ne plus avoir envie de tabasser des filles sous prétexte que je leur trouve des têtes de putes, et aller parler d'avantage aux gens dont j'ai compris depuis plus de trois mois que j'avais des chances de m'entendre avec eux.
Et si, hier après-midi, j'ai aimé boire ce café avec A, et discuter de tout et de rien pendant deux heures, il serait temps que je sache me détacher plus de cette unique amitié, et prendre soin un peu des autres qui se meurent doucement, et des autres qui ne savent pas comment venir à mon monde désertique.

09 février 2006

Je change d'humeur comme de culotte (au moins il m'en reste des propres, parce que pour les chemises, c'est plus trop ça), parfois, je crois que je suis bien trop prétentieuse : on me propose de sortir demain soir, mais il faut croire que les gens qu'il y aura ne me conviennent pas, j'irai, mais à reculons, contre moi, parce que je n'aime pas être comme ça.
Pas assez bien, pas choisis. Il y en a des gens qui me plaisent, hein, faut pas croire, mais ceux-là, c'qu'ils me font peur, c'qu'ils m'intimident, c'est pas croyable.
Il y a K dans l'autre section. Je suis amoureuse d'elle. Si. J'aurais pu rester là toute une heure, et même debout s'il avait fallu, la regarder demander des explications au prof d'analyse. L'autre jour, elle s'est assise à côté de moi à des exercices, je n'ai pas osé lui demander si elle pouvait me prêter la série 11 que j'avais égarée. Je bégaierais s'il fallait lui parler. Elle n'a pourtant rien d'extraordinaire, certains diraient même qu'elle a moins que les autres, et ceux là sont des imbéciles. Elle n'a rien de commun. Un visage de poupée, pas bien grande, encore moins grosse, souvent l'air perdue et mal à l'aise. Pour ça, elle pourrait être moi, mais elle est si jolie qu'en fait non, et il semblerait qu'elle n'ait vraiment rien à faire de ce que les autres pourront penser d'elle.
Et puis, il y a J, ce genre de rencontre dont je me dis tout de même qui si le hasard nous a mis dans le même TGV, en face, s'il a permis qu'il n'y ait aucun blanc tandis que nous parlions, ça n'est pas pour rien. Je ne l'ai pas croisé depuis peut-être avant Noël... Ca (oui, toujours cette teigne) qui le connaît vaguement, probablement plus que moi (un copain de son copain) mais moins, parce qu'ils ne s'adressent pas vraiment la parole, m'a dit que si je voulais elle pouvait lui parler de moi. J'ai refusé. Je ne peux rien accepter qui vienne d'elle, d'autant plus que ça ne pourrait pas être bon.
Si je l'avais intéressé, il serait venu me trouver, depuis le temps. Mon défaitisme m'effraie parfois.
J'ai dit mes sentiments il y a 5 ans a un certain F (contre une gifle), il y a 4 ans à un G (j'avais pas remarqué que je suivais l'alphabet) (contre le silence, auquel j'ai répondu par des lettres d'insultes (je suis pas fréquentable)), il y a trois ans à un certain A (contre une négation : non tu ne m'aimes pas), et pendant plus d'un an (oui, acharnée) à celui dont je parlais dernièrement (toujours, toujours, toujours le même, depuis le temps, vous avez l'habitude) (à nouveau en échange de la négation, et d'une année à le laisser en profiter). Alors j'arrête. S'il faut qu'on m'aime, on me le dira.
(Jamais je suis allée dire à quelqu'un, sans m'y sentir invitée, que j'avais des sentiments pour lui, à part à F, mais j'avais 15 ans. A G, j'ai du écrire mon envie de le connaître mieux. Je croyais qu'A ressentait les mêmes choses que moi. Et l'autre, c'est une histoire affligeante. L'autre soir, insomnie, j'ai relu tous les mails que j'ai pu lui écrire, j'ai pleuré comme une imbécile (sans doute les larmes de honte et de remors que je voulais qu'il verse (pas qu'il s'excuse de ne pas m'avais aimée, mais plutôt d'être revenu dans ma vie à chaque fois que je l'en avais mis de côté, sans quoi, il n'existerait plus pour moi depuis septembre 2004.)).
On me dira, il existe des façons toutes diplomatiques de sonder l'autre, mais je maîtrise pas. Si je l'intéresse, qu'il en use, lui.
Dans le fond, c'est drôle. Et puis, même, des fois, je me demande ce que c'est aimer, vu que les autres le savent mieux que moi. Je n'aimais sans doute pas F et G, mais ils ont eu l'amabilité de ne pas me le faire remarquer, sans doute ils ne savaient pas non plus. F m'a fait une déclaration sympathique deux ans plus tard. Je ne l'ai pas giflé.

(Sur cette note pathétique, je vais aller pleurer dans mon lit en attendant mon examen de demain matin. Mais qu'ai-je de tellement, tellement, tellement repoussant ?...)
Dans la salle d'informatique, 10 rangées de 6 ordinateurs. Pourquoi faut-il que les deux seuls autres occupants - une fille et un garçon qui ont bien l'air de sortir ensemble - soient venus se mettre à côté de moi ?
L'instinct grégaire me dépasse largement.

07 février 2006

Je sors d'un concours de triche auquel je n'ai malheureusement pas participé : je n'avais pas mes documents sous la main, mais l'envie d'en être aussi ne m'a pas manqué. Moi aussi, j'aurais bien voulu vérifier s'il y avait un socle à "un oiseau dans l'espace" de Brancusi...
Sinon, c'est étrange, mais c'est comme si tout avait repris sa place. Je me pose moins de questions, je me sens mieux. Plus solide que la semaine dernière, plus ouverte, plus à même de parler de tout et de n'importe quoi. Moins à fleur de pot peau. Je ne me demande plus si j'ai ma place ici. Je sais que oui, et c'est tout. Je sais que ça sera difficile, je sais qu'il faut encore que je passe mes examens d'équivalence de maturité en septembre prochain.

Et puis, j'aime beaucoup habiter ici, maintenant que je suis habituée aux gens et que ma timidité envers eux s'est bien atténuée ; je me sens bien dans la cuisine qui grouille, aux fumets mélangés et aux accents divers. Peut-être, je n'ai pas vraiment de prénom, mais au moins il y a un suisse allemand avec qui on peut parler de l'horreur qui nous attend pendant les vacances, de l'examen de l'après-midi, en gros de la première année qu'il vit aussi... Sans doute moins aimée qu'à la maison, mais peut-être bien plus entourée, un peu trop de monde pour connaître réellement, mais un certain lien qui se crée quand même.

Echouer, c'est perdre tout ça, et aussi n'avoir aucune chance d'être exhaussée dans mon désir d'une meilleure casserole et d'une poêle un peu mieux anti-adhésive, histoire de réussir encore mieux la ratatouille au concentré de tomates sans aubergines. C'est aussi ne plus manger de tortellinis au petit déjeuner, ne plus voir le mignon caissier de la coop le samedi, ne plus affronter les piques de cette teigne de Ca, ne plus descendre acheter du lait à Ouchy le dimanche matin, etc...

05 février 2006

Tout à l'heure, en rentrant de la bibliothèque, j'ai trébuché (bordure de trottoir oblique oblige), et je me suis ramassée sur les genoux. J'ai constaté avec dépit, sitôt relevée, qu'outre une douleur à la cheville dont le pied attenant était la cause de ma chute, mon jean était troué au niveau du genoux de l'autre jambe, ce dont je me suis lamentée un instant, malgré la minusculosité de l'accroc, par ailleurs parfaitement réparable.
Je voulais regarder si j'avais des mails, à l'instant, et le temps de patienter (connexion lente oblige), j'ai voulu poser le pied sur ma chaise. Un long craquement m'a répondu : mon jean est maintenant totalement déchiré sous la fesse gauche. Irréparable, il me semble, mais pratique pour laisser admirer mes culottes à tout venant. (Ah non, en fait même pas, ça ne se voit que si l'on observe avec attention. Mais par contre, pour les courants d'air, ça n'arrange rien.)
Résumé de l'histoire : les jeans de chez Zara, ça ne vaut rien. Deux fois moins cher qu'un Levis, mais durabilité au moins 4 fois moindre (mon plus vieux Levis a trois ans, dont au moins une année d'utilisation quasi-constante, et il est toujours là pour en témoigner).
Encore heureux que ça ne soit pas arrivé tout à l'heure quand je me suis assise en tailleur sur mon fauteuil au cinéma (Brokeback Mountain cette fois, toute seule, et c'était agréable de se rendre compte que même si mes copines n'ont pas envie d'aller voir un film, je suis capable d'y aller toute seule comme une grande, ce qui finalement ne change pas grand chose, vu qu'en général, on n'y discute pas des masses. J'ai bien aimé, c'est touchant, mais je ne pense pas que je le reverrais. Des fois, je me dis que quand on a pas vécu d'"histoire d'amour"à proprement parler, il y a des choses qu'on n'est peut-être pas capable d'appréhender vraiment. Handicapée de l'empathie. Ils ont eu déjà de la chance, non ? Ils se sont trouvés et se sont aimés. J'en connais qui n'en demandent pas beaucoup plus. J'imagine plus le ressenti d'Alma...).

04 février 2006

- L'arrondi de ton sein, là, comme ça, on dirait la coupole du Taj Mahal.
- Et le polygone funiculaire ?
- Direct de mon coeur au tien.

Rêves ridicules, ces derniers temps. Moi, et je ne sais pas qui, peut-être c'était J, vu que lui, un polygone funiculaire, normalement, il sait ce que c'est.
Je crois que j'ai besoin d'amour.

Munich.

Très long. Classé "Film intelligent" par A et C, vu que je me plains toujours, d'habitude, qu'on ne va voir que des films à la con. Je disais ça pour, je ne sais plus tout, mais Kingdom of Heaven, par exemple. Pas Star Wars, même pas Harry Potter non plus, ni même Esprit de Famille, par contre Arsène Lupin, oui, mais pas L'interprète. On a en a vu, des films, en un an et demi, j'en ai oublié beaucoup. Un long dimanche de fiançailles. Corpse Bride. Je ne sais plus. Peut-être moins que ce que j'aurais cru, ou alors j'ai oublié tout ceux de l'an dernier.

Autrefois, je couchais avec un type d'origine palestinienne. Et je me demande, s'il y a, s'il y a eu, des terroristes dans sa famille. Je me demande ce que ça aurait changé à mes sentiments.
De toutes manières, penser à lui, c'est une chose que je fais toujours, attendant sans doute qu'un autre le remplace, me fasse oublier ces mauvais souvenirs, les regrets de premières fois trop vite cédées, parce que j'avais l'imbécilité de croire qu'il m'aimerait si je cédais à toutes ses envies.
Il disait : "Moi aussi, crois-le ou non, je donne beaucoup de moi-même." Je n'arrive plus à y croire. Il partageait l'eau chaude, mais je me rappelle m'être douchée à l'eau glacée, il donnait à manger, il payait les préservatifs, il payait le bus mais pas le train, passait quelques clopes, et il me donnait le pouvoir d'offrir, le droit d'oublier un instant ce qui allait mal.
En y repensant, j'ai comme des sanglots (je ne sais pas si l'on peut dire que s'en est, vu que je ne ressens pas l'envie/le besoin de pleurer, mais certaines de mes inspirations se terminent saccadées). Je me demande dans combien de temps tout ceci sera vraiment dépassé.

Dans le fond, les parents, ils savent ce qui n'est pas bon. Il y a un an, ils me disaient de ne plus voir ce connard, et moi, je le défendais. Je l'aimais. L'avoir à moi une demie-journée tous les trois mois, c'était déjà tellement beau, tellement bien.
On est bien con, des fois.
J'aurais voulu toujours l'admirer. Et j'aurais voulu pour toujours faire partie de sa vie. J'aurais voulu que la seconde partie du mot "fuck-friends"soit vérifiée vraiment plutôt que de croire que la première partie l'induirait un jour, et même plus.
Parce qu'il y a un an et demi, quand il m'a invitée à souper chez lui, quand il m'a embrassée, j'ai cru que ça n'était pas que uniquement pour coucher avec moi. Et après, j'y ai cru à chaque fois que je suis repassée par son lit.
Naïveté affligeante.

Je crois que dans mes relations avec les gens, il y a un problème de communication, ou des problèmes de compréhension.


Quand j'avais écrit à mon prof de philo ce mail :

"Alors, effectivement, j'avais bien compris. A la lecture de votre premier message je me doutais bien de ce que vous vouliez, mais j'avais décidé de n'en pas tenir compte, peur d'être paranoïaque, ou, même, voire, présomptueuse. Eh quoi ! Je ne suis qu'une gamine, pas parmi les plus plaisantes, ni des plus affables.
Qu'est-ce qui a bien pu vous faire croire que j'étais fille à coucher avec le premier à en émettre le souhait, et à se passer de sentiments pour s'offrir ainsi ? Que vous aura-t-on bien raconté ? ...
Réponse parce que réflexions, cogitations.
Je ne me suis pas sentie importunée, un peu flattée, plutôt, en premier lieu, je l'admets : être désirée par un homme est meilleur pour l'ego que de les repousser tous. Banalité. Passé cet aspect "Ouééééé on peut avoir envie de me sauter !" réjouissif à très court terme — je n'ai plus 14 ans — j'en viens à m'interroger sur le pourquoi. Mais là n'est pas mon affaire, démerdez-vous avec les raisons de vos envies... enfin ! Une ancienne élève, tout de même, c'est un peu malsain, ne trouvez-vous pas ?
Donc, rassurée sur mon potentiel érectilogène supposé, mes attributs féminins — même plus besoin de vérifier si mes seins ne se sont pas fait la malle — et autres satisfactions de même acabit, je prends conscience du comportement de chose, caricaturé, soit, que momentanément j'ai adopté, oubliant presque que je possède un cerveau. Jusque là, d'ailleurs, une moelle épinière eût suffit, et encore, je ne crois pas savoir que les poupées gonflables en soient munies. Mon cerveau est plus difficile ; jaloux probablement : il ne plaît pas, et qui il est, enfin, qui je suis, cela demeure méconnu.
Vous ne me connaissez pas et vous voulez pourtant coucher avec moi. A vrai dire, je ne me sens pas concernée. Mais pas insultée, je précise, juste étrangère. Ce n'est pas non plus mon affaire.

J'ai un peu essayé de démontrer que le sexe entre inconnus ça n'était pas la vie. J'ai lamentablement échoué, pas totalement convaincue à la base, et dans ce que je prenais comme acquis ce n'était que contradictions. Il y a vie et existence. Je n'avais pas l'intelligence de distinguer. J'ai finalement eu l'impression de comprendre que la vie était ce grâce à quoi nous pouvons fuir l'existence, ou sinon la supporter. Vie comme momentané, existence comme ce qui demeure. Evidence. Je me sens stupide maintenant de ne pas y avoir pensé avant.

Vous êtes tombé au mauvais moment : je m'essaie au développement durable. "

et que je l'avais fait lire à l'originaire de Palestine, c'était évidement à lui qu'il s'adressait. J'aurais voulu qu'il comprenne, et qu'il cesse de me faire des propositions que j'étais trop amoureuse pour savoir refuser, alors que déjà je savais le mal que ça me faisait.

02 février 2006

Ce matin, quand j'ai ouvert mon frigo, trois oeufs rassemblés dans une boîte où une place était inoccupée ont tenté un suicide collectif dont seul un a réchappé.
Les oeufs, tous les trois, préparant leur complot fatal toute la nuit, je les imagine bien, attendant le petit matin et le bruit de la clé tournant dans la serrure de mon casier, pour pousser de toutes leurs forces vers le vide - où, un mètre plus bas, une mort certaine les attendait - le misérable habitacle de carton bleu dans lequel ils avaient décidé de mettre fin à leurs jours.
Bref.
Ca (qu'il ne faut pas confondre avec C), a dit à A, hier, qu'elle ferait bien de me convaincre d'aller voir un psy, parce que je suis morbide et que je vois le mal partout.
[Hey ! C'est une blague, hein, le coup des oeufs, c'est un banal accident domestique...]
Je crois que ce sont ces autres, qui me regardent comme si j'allais me jeter du Pont Bessière dans le quart d'heure, qui ne m'aident pas beaucoup. (Et les profs qui font calculer des réactions d'appui dans des potences, aussi. (Cynisme, hein, cynisme, qu'on se le dise, j'ai trop l'habitude d'être avec des gens qui prennent tout au premier degré. Non non non, quand je dessine une potence sur ma feuille, je ne m'imagine pas pendouillant doucement au bout d'une corde. Ni même, d'ailleurs, quand je récite la Ballade des pendus de François Villon.))

J'ai réfléchi : je n'ai pas peur des gens, mais des relations. Parler avec n'importe qui, facile, faire le pas qui transforme les "salut, ça va ?" en amitié, ou mieux, sinon, je ne sais pas faire. J'ai peur de me prendre des baffes.
Et puis, je suis drôlement aigrie aussi, et je ferais bien de me défaire de cet état pénible avant de me retrouver vieille fille pour de bon.
Et aussi, je ferais bien de vivre avant qu'il ne soit trop tard.
Ah ah ah... tenez, voilà que je repense à mon prof de philo du lycée, pour qui l'envie de vivre n'était rien d'autre qu'une envie de (me) baiser (exprimée par e-mail, rien de très dangereux, sauf peut-être pour lui). J'avais voulu lui répondre (mais ne l'avais pas fait parce que l'imbécile d'avant m'avait dissuadée de le faire, et que c'était l'époque où je lui obéissais débilement), toute une longue diatribe pour expliquer pourquoi, pour moi, ce qu'il désirait-là, ça n'était pas vivre.
(Cette histoire-là, c'est un exemple de grosse baffe, un peu du type : eh beh, c'est beau ce pour quoi j'intéresse les hommes, parce qu'il faut dire que j'ai l'énorme défaut de généraliser les cas particuliers, et de croire que j'ai raison.)

Je ne sais pas me remettre en questions.
Sauf par périodes.

01 février 2006

Couchée à minuit et demie, endormie vers deux heures, j'ai pourtant réussi à me lever à 6 heures et demie pour aller recopier pendant deux heures des trucs assez incompréhensibles notés à la va-vite sur un rétroprojecteur par un chargé de cours peu explicite. Pas moyen de faire les exercices, second café puis bibliothèque où je me serais bien endormie si ça n'avait pas été le mercredi des sirènes. (http://http://www.bevoelkerungsschutz.admin.ch/internet/bs/fr/home/themen/alarmierung/sirenentest.html) D'ailleurs, c'est l'impossibilité de m'assoupir qui m'a fait partir, aux environs d'une heure et demie, vers mon lit, après un passage nécessaire à la Coop, mon estomac criant famine, et mon pain m'ayant été volé deux jours auparavant - je n'avais évidemment qu'à ne pas le laisser traîner.
La veille, l'observation attentive des préparations culinaires de mes colocataires (une trentaine dans la cuisine, y'a des foules d'idées à puiser, heureusement) m'a donné une subite envie de tortellinis aux épinards et à la ricotta (Coop Prix-Garantie, 850 grammes, 6 francs 40, cuisson deux minutes dans l'eau bouillante, conservation longue-durée, quantité suffisante pour tenir un siège) ; j'ai fait mes achats en mode automatique, et ce n'est que maintenant que je retrouve le ticket, et que je peux m'horrifier d'avoir payé 1.75 chf une misérable courgette.
Repas fini à 15 heures, j'ai dormi deux heures, et j'ai été incapable de reprendre mes révisions pour l'examen de demain.
Et puis, rien que d'imaginer la semaine prochaine, les bras m'en tombent : physique, beaux-arts, algèbre, puis un autre encore, mais des plus amusants...
L'examen sur le cours beaux-arts fait une tâche étrange dans le paquet, ça n'est pas des plus déplaisant, mais le temps pour préparer, sachant qu'il faut aller visiter une foultitude de sites web, risque de manquer. L'examen est plus ou moins un coucours. C'est un cours à choix, plus d'une dizaines de possibilités, on en teste 4 au cours de la première année, et il faut en choisir un pour la suite des études. Seulement 20 places pour beaux-arts, il faut montrer qu'on est vraiment motivé, qu'on a bien écouté le cours d'initiation, et surtout qu'on a quelque chose à apporter.
Depuis 20 minutes, je fais la gueule à mon livre de statique. C'est de sa faute, non ? si j'ai l'impression qu'on est déjà, je ne sais pas, moi, dimanche prochain peut-être. J'ai perdu toute notion du temps.
Il y a une heure, ce livre, je l'aurais bien embrassé : tout s'éclairait, je comprenais. D'ailleurs, oui, j'ai débloqué un gros morceau du problème. Je calcule les réactions d'appui comme si j'avais fait ça toute ma vie, en espérant que je ne le ferais pas toute ma vie.
C'est quand il faut s'attaquer aux "papillons", débattre d'une convention de signe, et quand soudain surgit un effort normal que je n'avais pas vu venir, que je suis perdue.
Vague conversation avec P, tout à l'heure, puis, aussi, quand j'ai levé les yeux de mon livre, il y a un instant, garçon agréable à regarder, que l'an passé, avec A, nous nous demandions laquelle de nous deux il regardait, quand, à notre approche il levait la tête (ou pensions-nous qu'il faisait), mais lui, souvent, il oublie que nous ne sommes pas du même bord (ingénieure civil et ingénieur en environnement potentiels) et me demande si je sais la chimie... Je l'aiderais volontiers, et d'avantage si affinités.
Avec A, quand nous ne nous promenions pas l'une sans l'autre l'an passé, ce qu'au fond je trouve tellement ridicule, finalement ça m'arrangeait bien, cette certitude d'avoir toujours quelqu'un avec qui manger, à qui parler, devant qui être un peu en représentation. Et puis, en fait, moi j'ai 10 ans d'âge mental, et je suis jalouse, tant, qu'elle se soit fait des amies et pas moi. Alors, bien entendu, d'être trop seule, je me dit que je suis sans intérêt, j'en rajoute des paquets, et je demeure dans un état d'abattement perpétuel.
Ma stupidité n'a d'égale que mon ridicule. J'ai honte.
On ne croirait pas que j'ai 20 ans.
D'ailleurs, je n'y crois pas moi-même.
Les solutions, je les connais. Faire des choses, juste moi, sans avoir besoin qu'il y ait quelqu'un que j'apprécie. Et tenez, l'une de ces choses, ce sera d'aller faire un stage de voile cet été, avec seulement des inconnus, de sorte que je ne puisse me raccrocher à rien. Faire quelque chose que j'aime en me frottant à d'autres gens.
Qu'est-ce qu'un psy pourrait me dire que je ne puisse pas comprendre moi-même ? Rester là, seule, à me dire que les gens sont des imbéciles, qu'ils me décevront... ne m'aidera jamais. C'est moi qui ait peur de les décevoir, ces autres, de n'avoir rien de spécial, d'être tellement banale...
Si je saute, je m'envolerais peut-être, non ?
Des coups de pied au cul, des coups de pied au cul, des tas de coups de pied, voilà la solution.
Et bien sûr, il y aura toujours des tas de questions.
Bien sûr, parler du nouveau pantalon droit d'une telle que je ne connais pas même de prénom, des fesses d'un tel assistant, ça m'ennuiera encore longtemps.