30 mai 2007

Je l'aime plus qu'il ne m'aime. Bien qu'on ne puisse pas mesurer. Rien de fatal. Je peux cesser de l'aimer. Si je veux, je peux.
Je le dis sans vraiment savoir. Il m'aime peut-être autant. On dit qu'on reporte sur les autres ce qu'on ressent soi-même. Mais je ne pense pas. Il est doux mon bonheur quand je me serre contre lui après avoir fait l'amour. Hu. C'est bête. Je voudrais être toujours serrée contre lui après avoir fait l'amour. Ou toujours, au moins, me sentir comme ça.
J'ai fini par appeler l'uni de N. ; leur lettre, la semaine passée, dans laquelle ils m'annonçaient que j'y suis admise m'avait fait me poser quelques questions sur la valeur de ce "admise" en caractères gras. J'ai voulu savoir. Et je sais. J'avais pas besoin de repasser mon bac. C'est mon certificat des examens complémentaires de maturité qui sert de clé, même si l'uni de L. en octobre dernier m'avait certifié que cela ne me permettait pas d'aller à l'université. J'aurais préféré que la dame me dise qu'il me fallait ce 12. J'aurais préféré ne pas passer six mois à vivre cette merde. Putain.
Vous savez, encore et toujours, j'ai peur.
Je ne me suis pas trouvée. J'ai pas réellement eu le temps de chercher. Et malheureusement je doute de plus en plus de mes capacités à changer, à me sauver. Et j'ai envie de tout balayer. Aller faire mes études à N., le décider maintenant sans attendre la réponse de L., et tout larguer. Commencer une nouvelle vie sans les attaches que j'ai à L..
Mais j'y tiens à ce qui existe à L. Même si je ne sais pas le préserver, même si j'ai été incapable de faire plus que ce qui existait.
Je ne sais pas encore me faire des amis. Et j'ai peur d'une difficile solitude à N., tout comme je crains que les gens que je connais à L soient vus par mon idiotie comme un genre de parachute, qui m'empêcherait de faire les efforts nécessaires.
Je penche d'avantage vers N. pour ça. Mais, les amies que j'ai à L., je ne veux pas les perdre. Une balle qui est dans mon camp, il ne tient qu'à moi de faire ce qu'il faut.
N., mais j'ai peur de perdre V.. Est-ce que quelque part, dans un stupide recoin de mon cerveau j'imaginerais que lui et moi ça ne peut pas se terminer ?
C'est bête d'être une fille. D'imaginer que jamais personne lui arrivera à la cheville. Mais c'est juste mon premier amour concret. Le premier qui répond "Moi aussi." quand je lui dis : "Je t'aime.". Précieux. Et inoubliable. Sans aucun doute.
Alors maintenant, oui c'est idiot de vouloir faire mes études à L. juste pour ne pas détruire une histoire d'amour dont je me fais probablement des idées quant à l'issue, mais il faut bien rêver un peu. J'ai envie de nouveauté, mais j'aime la stabilité que j'ai avec V....
J'aime V.. V. tout entier, et pas seulement ce qu'il m'apporte. V. vaut tout l'or du monde. Sans rire.
Suis-je la seule à décider ? Bien sûr que non. Et je crois que si cette jolie petite histoire doit durer, elle le fera, où que je sois. Et si on doit rompre, tôt ou tard ça arrivera, le jour venu.
Je ne maîtrise pas l'avenir. (Hum ? Sans blague ?)
J'ai peur. Ce blogounet n'a pas changé de titre. Sauter. Le pas. Pas par la fenêtre. Juste sauter. Se lancer. Avancer. Evoluer... Grandir. a

26 mai 2007

En ce moment, j'ai honte de dire que je ne saurais pas comment faire si je n'avais pas à mes côtés, quand je le demande, quelqu'un d'aussi bien que lui. Je ne sais pas le dire sans que ce soit pathétique ; ça doit être que ça ne peut pas ne pas l'être.
Mais, même si les filles m'auront traitée d'associale parce que j'ai passé la soirée à côté de monsieur que j'aime tout plein, je ne regrette pas. Je suis déconnectée de leur réalité d'étudiantes, que je ne critique pas, mais qui est loin de mon actuelle existence. Je ne l'ai peut-être jamais été vraiment, mais ça n'est pas la question.
En partant, nous avons croisé un sale con qui était dans ma classe du CM2 à la quatrième. Le petit connard de fils à papa premier de la classe toutes ces années, qui se foutait de ma gueule dès qu'il en avait l'occasion, et qui nous appelait, mon amie qui était un peu grosse et moi, Laurel et Hardy. Je ne l'avais pas vu depuis mes 13 ans, et là, voilà qu'il m'interpelle, alors que j'étais largement alcoolisée. Il m'a fallu deux minutes pour le resituer. La difficulté, dans ce genre de situation, c'est de choisir s'il vaut mieux tenter de sauver la face (le garçon étant en quatrième année de médecine) en se montrant sous son meilleur jour, ou profiter de l'excuse ivresse pour lui rappeler comme il était con entre 10 et 13 ans. J'ai préféré prendre sur moi d'essayer de parler gentiment avec cet imbécile, et d'être cohérente.

17 mai 2007

Moi : Je trouve absolument nul que la Suisse refuse d'accueillir ces 500 réfugiés irakiens.
Ma mère : Ben tu devrais être contente, imagine qu'ils t'aient pris ta place à l'université...

Putain.

Je me fous du reste. Toute la politique derrière, j'y ai pas prêté attention. J'ai juste très mal quand j'entends ma mère me dire ça, et quand après, elle rajoute : "Et plus tard, quand tu auras des enfants, tu préféreras évidement qu'ils soient en classe avec des enfants comme eux, tu les mettras pas dans une école bourrée d'étrangers.".

Je sais bien qu'on peut pas ouvrir grand les frontières et accepter tous les étrangers, mais je pense que le 21e siècle ne peut pas se faire si les pays riches continuent d'être aussi égoistes. Il faudrait au moins 6 planètes pour que l'humanité puisse vivre à l'américaine. Va falloir apprendre à partager réellement, va falloir se faire à l'idée qu'un jour nous aurons beaucoup moins.

C'est pas notre pain, qu'ils veulent, les étrangers, c'est juste du pain.

Un tel propos blocherien dans la bouche de ma mère... j'ai envie de pleurer.
J'ai pas l'impression qu'on m'ait élevée dans la crainte de l'étranger, dans l'idée qu'ils nous prennent nos affaires.
Alors, je comprends pas.

15 mai 2007

Tant que je ne saurais pas allée moi-même assez loin sur le long chemin qui me reste avant de prétendre pouvoir donner des leçons de vie à ma mère, je ne dirais rien de plus que ce que je lui ai expliqué dimanche soir, à savoir pas grand chose. Juste cette phrase sur l'impossibilité de parler avec elle sans qu'elle n'en vienne à insulter quiconque a une opinion opposée à la sienne. Et le jour où j'aurais enfin la légitimité nécessaire pour le faire sans m'entendre rétorquer de regarder ma vie d'abord, je le ferais. Pour l'instant je lui ressemble trop, pour l'instant on ne peut pas vraiment trouver de réussites dans ma vie...

Au moins, et ça fait tellement de bien de le savoir, je crois que j'ai le mieux amoureux du monde tout entier. J'aurais jamais imaginé qu'il le proposerait, mais il l'a dit, le 10 on peut aller ensemble à Annecy le matin et faire du tourisme.
Il m'épargne le train Lausanne - Genève CFF - Tram 16 - Tram 17 - Genève Eaux-Vives - Annemasse - La Roche-sur-Foron - Annecy, bien que ce ne soit pas grand chose, puisque l'essentiel qui me rassure largement c'est de savoir que j'aurais une journée avec lui avant le bac... Et pas seulement, mais ça ne s'exprime pas facilement ce mélange d'impressions. Il a des bonnes idées mon amoureux, toujours, presque.

14 mai 2007

:| Ma tête, maintenant, c'est exactement ça. Du 21 mai au 16 juin, mon amoureux est un manuel de philo, ou d'histoire, ou d'éco, ou d'géo. Je le vois seulement encore une fois avant le bac, le vrai amoureux, hein, mon livre de philo, je le verrais bien assez.

Je survivrais hein. Mais d'abord je dépasse la bouffée d'angoisse qui m'envahit depuis que je le sais. Premièrement c'est si proche. Secondement, je n'aurais jamais passé tant de temps sans lui. Troisièmement, les cinq jours où je serais tellement loin, et sans doute tellement seule me terrorisent. Mais là, il n'y a aucun rapport avec lui.

Et tout ira finalement très bien, parce que je suis une très grande fille qui n'a pas besoin de voir son amoureux une fois par semaine pour survivre. Et si vraiment il me manque, je pourrais bien aller l'envahir un mercredi , et même le 10, où je lui ai dit que je n'étais pas là, peut-être qu'en fait, même si je dois prendre le train à 15h pour aller à Annecy, je pourrais le voir quand même.

Arg. Moi j'ai besoin de bisous, de câlins aussi beaucoup.
C'est plus le bac, c'est la cure de désintoxication. On dira que ça fait moins ridicule.
Maman chérie,


Tu sais bien que je ne l'ouvre pas souvent, j'ai assez peur de m'en ramasser une pour préférer me taire. Enfin, j'exagère, je n'ai pas trop peur des coups, mais les représailles sont diverses et variées, et je tiens particulièrement à vivre dans un milieu où harmonie et entente mutuelle cohabitent sans forcer. Mais c'est la fête des mères aujourd'hui, et de quoi l'enfant reconnaissant se soucierait d'autre que du bonheur maternel en ce jour spécial ?

Maman, cela fait sans doute plus de vingt ans que tu vis recluse au sein de ce merveilleux havre familial qu'après des années d'efforts toi et Papa avez pu nous offrir. Non, je n'ai pas connu, grace à ton choix de ne pas travailler à l'extérieur de la maison, la garderie, les nounous, les devoirs surveillés après l'école et les jeunes filles au pair. Je quittais l'école à seize heures trente et ma maman m'attendait à la maison ; plus tard tu nous déposais à l'école et tu venais chercher chacun d'entre nous à l'heure où il sortait, ce dont nous ne savions pas te remercier puisque nous estimions que tu n'avais rien d'autre à faire de tes journées. Ingrats, égoïstes, comme n'importe quels autres gosses. Pourtant, déjà, prendre le bus pour rentrer seuls était notre petite aventure, notre moment privé d'une vie dont les contingences nous obligeaient à tant dépendre de toi.

A l'époque déjà, et je n'avais pas plus de quatorze ans, nous nous rendions déjà compte, et cela sans nullement te juger, de l'étroitesse de ta vie, coincée entre tes trois enfants et ton mari pour lequel déjà plus de trois fois tu avais tout quitté. Nous ne t'en aimions pas moins, malgré la peur que nous avions quand tu disais à notre père que tu allais le quitter, que demain quand il se lèverait tu ne serais plus là pour t'occuper de ses enfants. Ces épisodes, bien que tu les nies, ont malheureusement affectés nos coeurs d'enfants, mais nous ne t'en aimions pas moins, Maman. L'étroitesse de ta vie, dont nous étions les premiers témoins nous inspirait des voeux : jamais nous ne serions aussi seuls que toi. Si nous avions su comment, nous t'aurions aidée, comme nous essayons, aujourd'hui avec nos moyens d'adultes en devenir.
Parce que s'il est pour nous une certitude, Maman, c'est que ces vingt-cinq années, bientôt, que tu as passées à t'occuper de nous ne furent pas vaines. Trois succès, trois victoires, trois enfants pas trop ratés, j'ose le croire, qui malgré des bâtons qu'inconsciemment tu glissais dans leurs roues, tentent de s'en sortir, avec plus ou moins de succès, mais une énergie certaine.

Maman, pardonne-moi ma sincérité, mais l'urgence dans laquelle tu te trouves, l'urgence vitale je dirais, me force à tenter de te dire les choses dont il faut absolument que tu prennes conscience, si tu ne veux pas que le reste de ta vie un ignoble gâchis.
Il faut t'ouvrir, il faut renouer les liens que tu as rompus, il faut te soigner, ce que voulait suggérer Papa l'autre jour quand il t'a dit d'aller te laver la tête.
Tu n'as d'amis, et de ta chance d'avoir une famille nombreuse, tu as fait un calvaire. Tu sembles n'avoir ni passions ni centres d'intérêt. Qui oserait nier cette évidence : tu es une femme intelligente, mais tu laisses toi même rabougrir tes immenses capacités. Si ton corps n'en meurt pas, ton âme crève de solitude.

Te soigner Maman, parce que les lourdes rancoeurs que tu gardes plus ou moins en toi, te dévorent de l'intérieur, pourrissent en toi ce qu'il y a de vivant, encore.
Oui, il est parti travailler en Afrique quand tu attendais ton premier enfant, et il n'est pas revenu à temps pour l'accouchement. Même, quand il a débarqué il ne savait pas le nom du bébé, et le parfum qu'il t'a offert, tu ne l'aimais pas. Ensuite, alors que nous vivions confortablement de le Sud-Ouest, sans manquer de rien, mais sans luxe, il a accepté la promotion qui nous a conduit à Paris où nous avons passé cinq ans dans un appartement pas assez grand pour toi. Tu n'y as pas été heureuse et ce dans l'indifférence générale. Le départ pour la Suisse, peut-être que tu l'as vécu dans l'espoir d'un renouveau dans ta vie, mais pourtant tu n'as pas saisi la moindre occasion de t'y construire une vie propre, d'y avoir quelques amis...
Dans ta jeunesse, tes parents ne t'ont pas aidé comme tu l'aurais souhaité, comme tu l'aurais mérité ; si tu n'as pas fait d'études, c'est qu'ils ne l'ont pas voulu.
Mais qu'est-ce qui t'empêche, maintenant que tes enfants sont grands, maintenant que tu n'as plus de comptes à rendre à tes parents, te reprendre ta vie en mains, de refuser une existence qui n'enchanterait personne pour enfin tenter de mener une vie qui te plaise, de sortir, de voir du monde ?
Tu n'es pas seule. Papa t'aime. C'est certain parce qu'un autre homme serait parti ; tu ne lui fais pas la vie facile, il ne peut rien faire sans s'entendre retourner de reproches... Et nous, que ne ferions-nous pas pour avoir le plaisir d'avoir enfin une maman heureuse, épanouie, qui n'aura plus pour hantise la vision d'une boîte de nesquick hors de son placard, et pour bonheur celle d'un épisode des Feux de l'amour.

Il faut vivre Maman, aujourd'hui, pas dans vingt ans, pas quand ça sera trop tard. Es-tu tellement blasée du monde que celui-ci n'éveille plus en toi la moindre curiosité ?