21 juin 2006

Et si ma légèreté pouvait toujours toujours rester. Et si je pouvais toujours toujours avoir 5 à mes examens, et surtout ceux de maturité à l'automne prochain... J'ai enfin appelé pour avoir mes formulaires d'inscription. Et j'ai peur, et j'ai tellement peur. Pas le droit à l'erreur.

Alors, pour ne pas y penser, je me complais dans ma superficialité, et je finis, froid, le riz cantonnais de midi pour le goûter.
Je me regarde dans les vitrines le matin. Mon corps parfait. A force d'entendre V. le répéter, plus moyen d'en douter. Même mon visage, même mes yeux, même tout. Je suis belle.
Et je ne comprends pas comment les gens peuvent être malheureux. Les flics dans l'immeuble d'en face, après l'étrange scène de ménage dans l'appart' que je vois depuis ma fenêtre, qui avait duré toute la soirée, et plusieurs autres auparavant. Les coups, les insultes.
Je dis à V. et ça l'agace un peu sans doute : "Je crois que les Espagnols ont marqué.", puisqu'il répond : "Moi je pense à autre chose.", l'air de dire Comment peux-tu oser, toi, n'être pas totalement déconnectée des contingences extérieures...
Plus tôt, il m'avait donné, par mégarde je n'en doute pas, une douche au ketchup. Je n'aurais jamais du lui apprendre à jouer avec la bouteille, ou sinon lui enseigner aussi la différence entre horizontal et vertical.
Et j'aime quand il dit qu'il reste trente minutes et qu'il est toujours là six heures et une assiette de pâtes plus tard. Quand il me dit qu'il faut réviser maintenant et qu'après, quand j'aurais fini, il me posera des questions.
Lent, on dirait. Mais si rapide. Depuis deux semaines, c'est plus pareil puisque c'est mieux.
Les gens, ici, ils doivent dire, la petite française a encore ramené son copain à souper (mon accent me trahit toujours). C'est mon copain. Le mien. Celui qui essuie la vaisselle que j'ai lavée. Celui pour qui je sors ma seconde grande assiette. Celui tout contre qui je reste une demie-heure sur le pas de la porte du foyer pour se dire aurevoir. Mon amoureux. Le mien. Celui qui semblait totalement inimaginable il y a trois mois.

Alors loin, loin, je laisse la peur de ces examens vraiment importants qui arrivent. La maturité. Mes examens de cette année scolaire, je les passe, mais sans vouloir les réussir. Je n'ai réellement suivi que la moitié de l'année. J'espère réussir 5 matières, dont je serais dispensée si je peux redoubler. Loin tout ça. On fait comme si.

L'odeur des nectarines sur mon bureau vaut mieux, même si elles sont dures comme du béton. Je repense à celles, énormes, mûres tout comme il faut, que j'achetais sur le marché à Cologne pour les manger sur les marches de la cathédrale. C'est étrange que j'aie pu me sentir si bien dans cette ville durant ces semaines où j'étais si mal avec moi même et les autres.


Rêvé de N. cette nuit. Revécu la dernière fois que je l'ai vu. Comment j'ai pu supporter tout ça ?

18 juin 2006

C'était bien. J'aurais jamais imaginé que ça puisse être aussi bien. Il a dit des tas de choses adorables. Il projette à moyen terme. Il dit l'an prochain on pourra pas être aussi inconscients. Alors on profite maintenant. Et tant pis si nos nombres d'heures de sommeil tournent plus autour de trois que de huit. On rattrapera. La semaine prochaine, puisqu'on ne se verra pas, raison : mes cinq examens, lundi, mardi et vendredi. Un peu de peine - mes yeux se ferment tout seuls - à réviser pour demain. Lui, il va s'endormir au temple.

Où même, il s'est endormi, puisque j'ai cherché trois nouvelles heures de sommeil, qui sont venues toutes seules, malgré les fenêtres ouvertes et la musique dans l'immeuble d'en face. C'est l'heure d'aller faire cuire un cordon-bleu, avec des haricots en boîte, ou des petits pois-carottes, j'hésite.

Je découvre que faire l'amour commence tôt. A 19h19, quand le métro arrive au terminus, qu'il est là et me donne un bisou rapide, puisqu'il a compris que je n'aimais pas trop qu'on s'embrasse en public. Et puis ça continue quand il prépare le repas, que je l'aide en coupant les tomates. A 21h30, il dit qu'il va se coucher, je rétorque qu'alors je vais l'empêcher de dormir. Le canapé, oublié, tous les moyens sont bons pour m'attirer dans son lit. Et puis les premiers baisers et je m'abandonne. Ma tête fourmille d'idées qui ne sont pas les miennes, j'ai l'impression d'accéder à une autre conscience. Je ne sais pas d'où viennent ces mots, ces phrases, ces images qui passent, que je ne retiens pas, que j'aperçois seulement. Il dit je t'aime, à chaque fois avant que je puisse avoir le temps d'ouvrir la bouche pour être la première à lui dire, je ne peux que répondre que moi aussi je l'aime.

14 juin 2006

L'amoureux dit deux fois qu'il m'aime. Il dit que je suis belle. Il dit qu'il a tellement envie de me donner du plaisir. Il dit qu'il ne veut pas rentrer chez lui parce que je suis beaucoup plus excitante que son lit.
J'aime l'amoureux.
Mais je me pose des questions sur les raisons de ce subit déploiement d'attention. Sur le quart d'heure qu'il met à partir, sur les caresses qu'il revient donner, encore, encore, entre le laçage de chacune de ses chaussures, entre le réenfilage de son tee-shirt et le remettage de ses clés dans sa poche. Sur les trois bonne nuit qu'il me souhaite, les trois baisers qu'il me donne avant d'enfin s'en retourner. Au lieu d'un.
Comme s'il devait me prouver quelque chose.

Et si tant qu'à faire je pouvais me tromper dans les réponses que je me donne, j'en serais ravie.

Les mots, c'est bien les mots, mais des actes, hein, des actes, plus que des volontés inaccomplies, ça serait très chouette aussi des fois.

Hier, regarder le match à l'uni, dans les cris, tous entassés les uns sur les autres, suant encore plus que les sportifs, en tee-shirts rouges à croix blanche, en essayant de ne pas laisser crier plus fort les français, tout de même nombreux.

12 juin 2006

Dans mon rêve, on est au supermarché. Il achète des préservatifs. On parle. Il me dit : "Faire l'amour une fois par semaine, c'est bien assez." d'un ton sec qui ne lui ressemble pas.

Ce matin, j'aurais pu aller passer mon bac de philo. Je suppose que c'est à Saint-Julien en Genevois qu'une table étiquetée à mon nom est restée libre ; je suppose, parce que je n'ai même pas ouvert l'enveloppe contenant la convocation.
Ce qui me fait peur, maintenant, c'est que peut-être, comme j'aurais zéro, ils vont me reprendre le diplôme que j'ai déjà. Je me demande si c'est possible.

Il a oublié chez moi son invitation au baptême de son neveu. Ce bébé a vraiment une drôle de tête.
Sur mon étagère, la rose se fane. Il a perdu des tas de cheveux dans mon lit.
Et mes bras sentent l'été et les vacances à cause de l'après-soleil que leur rougeur m'a forcée à y étaler.
Au bruit de la rue, le match est fini.

Demain un contrôle, où je dois, d'après mes savants calculs, avoir 3,209 pour avoir 4 sur le semestre Faisable. Mais inquiète un petit peu.

07 juin 2006

Chaque matin, je jète un oeil plein d'espoir dans la boîte aux lettres. Je sors les pubs et les secoue avant de les jeter dans la poubelle. Rien n'en tombe. Pas la carte postale que j'attends. Ce serait la seconde chose agréable que j'y trouverai en plus de neuf mois, après l'échantillon de chocolat du mois de mai. Ce matin il y avait un annuaire. L'annuaire. Celui qui me manquait pour obéir à ma mère : "Va voir un gynéco !". J'ai regardé. Il y en a beaucoup, et même un dont le nom de famille c'est : Megalo. Je fais comment pour choisir devant quel professionnel je vais me foutre à poil ? J'en pointe un au bol ?... Ma soeur aussi, elle s'amuse à me mettre la pression avec des histoires bien gores de cancer de l'utérus.
Aujourd'hui, donc, l'annuaire. Pas sa carte postale. Toujours pas.
Hier, faillir faire l'amour. Mais finalement pas. C'était pas plus mal. "J'ai trop envie de toi pour rentrer chez moi." Voilà ce qu'il a dit. C'est curieux à entendre.
Et puis, je lui ai dit : "J'arrive pas à te dire que je t'aime.". "Moi aussi je t'aime." Il a répondu.
J'en suis sûre. Sûre ou presque. La nuit dernière, j'en étais certaine.
C'est bon d'être avec lui, et c'est ce qui compte, je crois que c'est surtout ça. Et cette réalité, je peux vivre ces moments chouettes, il fallait, pour que je puisse y croire, que ça m'arrive vraiment ; et puis, c'est ce grace à quoi je peux enfin me remettre de la violence, de la méchanceté de l'autre, de N.. Il m'aime. Du moins il l'a dit. Il est content de passer quatre heures avec moi, collé contre moi, à me serrer dans ses bras. Coucher avec moi n'est pas son objectif premier quand on passe du temps ensemble.

05 juin 2006

Dans une bouteille d'Evian posée sur mon étagère, il y a une rose.
C'est pourtant pas mon genre, mais quand il me l'a donnée, c'était bien. Très très. Et quand je regarde l'étagère, je recommence à sourire bêtement, parce que c'est la même émotion que sur le moment, et je voudrais le serrer contre moi, très très fort.

Et pourtant, je ne sais pas si je l'aime.

03 juin 2006

Du balsa, c'est chouette le balsa. Les maquettistes, et nos collègues architectes en usent. Le prof nous le fait passer, on se dit, c'est naturel, mais ça semble artificiel. Le balsa pourrait servir à des tas de comparaison.
Les vendredis sont souvent chouettes.
Dimanche, cela me fera cinq semaines avec V. et quatre semaines sans rentrer chez mes parents, sans que ça me manque. Et pourtant, l'an dernier, je disais parfois que j'aurais voulu n'être pas partie. Maintenant, je ne veux pas avoir à revenir.
(J'ai du mal à taper, parce que j'attends des résultats, pas les miens, mais qui me tiennent à coeur.)
Je veux rester ici.
Quatre semaines sans eux, cinq avec lui.
Mais où je suis, où j'en suis, je ne sais pas. Pas plus qu'avant.
Je pars de chez A., hier soir, et j'ai envie de pleurer. De pleurer ma fadeur. Cinq semaines que je n'en ai que pour lui. V. ceci, V. cela... et pourtant j'ose dire que je ne sais pas si vraiment je l'aime. V. comme joli accessoire à arborer, j'ai un copain, un copain qui me dit : "Tu ressembles à une très jolie humaine.". Mais sinon, rien de positif, rien de beau, de merveilleux, d'étonnant dans ma vie. Sinon, il y a ma bêtise. Une heure à galérer sur un exercice de physique, parce que mon shéma ressemblait à ça :


Ah ah ah ah, hein... L'erreur que je ne suis pas prête de refaire. Mais l'exercice de balistique un peu plus élaborée que j'ai fait après s'est mieux passé. (Heureusement.) Enfin, j'ai honte.
Les cinq dernières semaines ont passé beaucoup trop vite. Je dois m'inscrire à la matu. Rapidement. J'ai peur.

Mercredi après-midi, A. déprimait à cause d'un vieux monsieur qui mangeait seul dans une cafétéria du campus où nous prenions un café. Parcequ'il était seul, parce qu'elle lui trouvait l'air tellement triste... Moi, je ne trouvais pas, mais mon bonheur médiocre me remplit les yeux de trucs un peu trop brillants qui altèrent ma vue. A. ne veut pas se retrouver comme ça dans quarante ans.
Hey, A., je fais comme si tes mots ne concernaient que toi et tes angoisses, ne me touchaient pas du tout. Je te dis deux banalités. Saute du pont, A., mais puisque tu trouves que rien n'est acceptable, sinon la vie, finalement, prends-en soin. Comment ? Renouvelle tout, réinvente la vie un peu chaque jour. (Presque-citant Cendrars.) Ce ne sont pas Newport Beach ou Summer Land qui te diront comment faire. Cherche, cherche longtemps - n'aie pas peur de te perdre au passage - comment ne pas, je te cite : avoir des enfants que tu ne verras pas grandir, délaisser ta famille et te retrouver seule, divorcée, à quarante ans.
Tout vaut la peine qu'on le vive. Je crois. Tout, ou presque, bien sûr.
Et même si j'y crois fort en te disant tout ça, je sais très bien qu'il n'y a pas de recette pour le bonheur, et je ne suis pas douée pour ça. J'ai trop peur de la vie, et j'ai encore moins confiance en moi.