Et si ma légèreté pouvait toujours toujours rester. Et si je pouvais toujours toujours avoir 5 à mes examens, et surtout ceux de maturité à l'automne prochain... J'ai enfin appelé pour avoir mes formulaires d'inscription. Et j'ai peur, et j'ai tellement peur. Pas le droit à l'erreur.
Alors, pour ne pas y penser, je me complais dans ma superficialité, et je finis, froid, le riz cantonnais de midi pour le goûter.
Je me regarde dans les vitrines le matin. Mon corps parfait. A force d'entendre V. le répéter, plus moyen d'en douter. Même mon visage, même mes yeux, même tout. Je suis belle.
Et je ne comprends pas comment les gens peuvent être malheureux. Les flics dans l'immeuble d'en face, après l'étrange scène de ménage dans l'appart' que je vois depuis ma fenêtre, qui avait duré toute la soirée, et plusieurs autres auparavant. Les coups, les insultes.
Je dis à V. et ça l'agace un peu sans doute : "Je crois que les Espagnols ont marqué.", puisqu'il répond : "Moi je pense à autre chose.", l'air de dire Comment peux-tu oser, toi, n'être pas totalement déconnectée des contingences extérieures...
Plus tôt, il m'avait donné, par mégarde je n'en doute pas, une douche au ketchup. Je n'aurais jamais du lui apprendre à jouer avec la bouteille, ou sinon lui enseigner aussi la différence entre horizontal et vertical.
Et j'aime quand il dit qu'il reste trente minutes et qu'il est toujours là six heures et une assiette de pâtes plus tard. Quand il me dit qu'il faut réviser maintenant et qu'après, quand j'aurais fini, il me posera des questions.
Lent, on dirait. Mais si rapide. Depuis deux semaines, c'est plus pareil puisque c'est mieux.
Les gens, ici, ils doivent dire, la petite française a encore ramené son copain à souper (mon accent me trahit toujours). C'est mon copain. Le mien. Celui qui essuie la vaisselle que j'ai lavée. Celui pour qui je sors ma seconde grande assiette. Celui tout contre qui je reste une demie-heure sur le pas de la porte du foyer pour se dire aurevoir. Mon amoureux. Le mien. Celui qui semblait totalement inimaginable il y a trois mois.
Alors loin, loin, je laisse la peur de ces examens vraiment importants qui arrivent. La maturité. Mes examens de cette année scolaire, je les passe, mais sans vouloir les réussir. Je n'ai réellement suivi que la moitié de l'année. J'espère réussir 5 matières, dont je serais dispensée si je peux redoubler. Loin tout ça. On fait comme si.
L'odeur des nectarines sur mon bureau vaut mieux, même si elles sont dures comme du béton. Je repense à celles, énormes, mûres tout comme il faut, que j'achetais sur le marché à Cologne pour les manger sur les marches de la cathédrale. C'est étrange que j'aie pu me sentir si bien dans cette ville durant ces semaines où j'étais si mal avec moi même et les autres.
Rêvé de N. cette nuit. Revécu la dernière fois que je l'ai vu. Comment j'ai pu supporter tout ça ?
Alors, pour ne pas y penser, je me complais dans ma superficialité, et je finis, froid, le riz cantonnais de midi pour le goûter.
Je me regarde dans les vitrines le matin. Mon corps parfait. A force d'entendre V. le répéter, plus moyen d'en douter. Même mon visage, même mes yeux, même tout. Je suis belle.
Et je ne comprends pas comment les gens peuvent être malheureux. Les flics dans l'immeuble d'en face, après l'étrange scène de ménage dans l'appart' que je vois depuis ma fenêtre, qui avait duré toute la soirée, et plusieurs autres auparavant. Les coups, les insultes.
Je dis à V. et ça l'agace un peu sans doute : "Je crois que les Espagnols ont marqué.", puisqu'il répond : "Moi je pense à autre chose.", l'air de dire Comment peux-tu oser, toi, n'être pas totalement déconnectée des contingences extérieures...
Plus tôt, il m'avait donné, par mégarde je n'en doute pas, une douche au ketchup. Je n'aurais jamais du lui apprendre à jouer avec la bouteille, ou sinon lui enseigner aussi la différence entre horizontal et vertical.
Et j'aime quand il dit qu'il reste trente minutes et qu'il est toujours là six heures et une assiette de pâtes plus tard. Quand il me dit qu'il faut réviser maintenant et qu'après, quand j'aurais fini, il me posera des questions.
Lent, on dirait. Mais si rapide. Depuis deux semaines, c'est plus pareil puisque c'est mieux.
Les gens, ici, ils doivent dire, la petite française a encore ramené son copain à souper (mon accent me trahit toujours). C'est mon copain. Le mien. Celui qui essuie la vaisselle que j'ai lavée. Celui pour qui je sors ma seconde grande assiette. Celui tout contre qui je reste une demie-heure sur le pas de la porte du foyer pour se dire aurevoir. Mon amoureux. Le mien. Celui qui semblait totalement inimaginable il y a trois mois.
Alors loin, loin, je laisse la peur de ces examens vraiment importants qui arrivent. La maturité. Mes examens de cette année scolaire, je les passe, mais sans vouloir les réussir. Je n'ai réellement suivi que la moitié de l'année. J'espère réussir 5 matières, dont je serais dispensée si je peux redoubler. Loin tout ça. On fait comme si.
L'odeur des nectarines sur mon bureau vaut mieux, même si elles sont dures comme du béton. Je repense à celles, énormes, mûres tout comme il faut, que j'achetais sur le marché à Cologne pour les manger sur les marches de la cathédrale. C'est étrange que j'aie pu me sentir si bien dans cette ville durant ces semaines où j'étais si mal avec moi même et les autres.
Rêvé de N. cette nuit. Revécu la dernière fois que je l'ai vu. Comment j'ai pu supporter tout ça ?