Et voilà, j'ai commencé à prendre cette manie débile. Test bonus : 50 points possibles, il en faut donc 30 pour récupérer le 1/2 point de propé disponible. Cinq exercices sur dix points chacun. Deux totalement résolus, et probablement justes. Déjà 20 points. Un fait au 3/4, si c'est juste on admet 7 points. La grande question : ai-je grappillé 5 points dans les deux exercices restants ? J'angoisse.
Avant, je n'y pensais plus une fois ma feuille rendue. Je savais d'office : j'ai planté. Là, je n'arrive pas à me faire un avis tranché. Deux ou trois semaines à douter en attendant de retrouver ma copie.
Le prof a dit : "Maintenant, vous savez calculer un treillis !" un peu comme dans LBA1, quand on récupère la balle magique : "Tu viens de retrouver ta balle magique !". Un nouveau pouvoir, qu'on va réutiliser 10, 15 fois, revoir différemment, avant d'apprendre à utiliser les programmes qui le feront à notre place.
J'ai eu ma mère au téléphone dimanche soir. Rien de bien étonnant jusque là, et la suite non plus n'a rien d'exceptionnel. Elle avait bu. C'est drôle, non, mais quand j'ai eu ma soeur, après, je lui ai demandé : "Elle est bourrée, ta mère, non ?" sans que ça ne me pose de problème, mais là, l'écrire, c'est moins évident. Et puis, j'ai entendu mon frère râler : "On peut plus parler avec vous ! Vous êtes encore bourrés.". Oui, mon père aussi. Je pourrais me dire pauvre gosse, mais à 15 ans, ce n'est plus vraiment un enfant. Après tout j'ai grandi dans les mêmes conditions, et je ne vois aucune raison pour laquelle les choses devraient être différentes pour lui. (Enfin, bien sûr que si, je les vois, je les connais ces raisons. C'est juste que ça ne devrait pas être comme ça.). Il s'en sortira de toute façon mieux que moi. Plus fort, plus autonome, plus doué, plus tout ce qu'il faut pour réussir à faire exactement ce que l'on veut dans la vie. La difficulté, c'est de ne pas en être jalouse...
30 novembre 2006
22 novembre 2006
A chaque fois que le type des infos, à la radio, quand il parle de la femme qui s'est faite manger par des pitbulls, dit : "C'était la propriétaire ou la personne qui nourrissait les animaux..." ça me fait presque rire.
"de tte facon tu me verras pas d'ici samedi au plus tôt" rrrrrrrah m'énerve. Comme si, on dirait, lui, il n'a jamais envie de me voir. Et moi, j'aimerais bien être capable de me contenter d'un samedi soir et d'un dimanche où il dort tout le temps...
J'essaie encore tout le temps. Je sais au moins qui j'aime bien, et qui sont ceux à qui j'ai envie de casser les dents de devant, et ceux-là sont rares. Je ne suis qu'amour de mon prochain, même si mes prochains, eux, semblent avoir envie de m'enfermer dans une boîte et d'y planter une multitude de sabres, pour captiver l'audience pendant un exposé.
Au foyer, ça parle de moi au salon quand je suis dans la cuisine : "She's very shy." , ça fait aussi des projets pour améliorer mon anglais, et nous signons des pactes d'assistance mutuelle par des accolades du petit doigt. L'australien homo me complimente : "Comme tu es jolie ! Tu as un rendez-vous ?", alors que mon amoureux ne remarque rien...
Mes rêves sont étranges. Mes amies déjà rares y meurent, et je me réveille terrorisée, en sursaut, d'un grand coup dans la gueule donné accidentellement j'espère par mon amoureux endormi. Dimanche, 8h, je me lève, il reste endormi jusqu'à 13h30 et moi je travaille.
La deuxième semaine le sport me tue moins. J'oublie de faire les diverses corvées administratives inhérentes à la légitimation de ma résidence secondaire, et de prendre les rendez-vous médicaux concernant ma contraception et la saloperie d'eczéma qui va et vient au gré de mon stress depuis le mois de mai.
Je discute avec la petite fille de la femme de ménage qui va sur ses cinq ans et est très extravertie.
J'ai eu envie de monter le son de ma voisine flûtiste : juste : "Tiens, je vais mettre plus fort.", avant de me rendre compte de ma connerie. V., jamais à court d'idée, dans le même esprit, m'a ressorti des connaissances de sa prime jeunesse pour me faire un concert ; assez doué le garçon : "Tu me fais le cantique suisse ?" et il y arrive, à l'oreille seulement. Mais ça vaut pas les capacités de ma voisine.
18 novembre 2006
Comme si j'étais jamais à ma place. Comme si j'étais totalement perdue. Comme si je ne faisais que suivre le cours ma vie sans en décider. Comme si j'étais totalement inadaptée.
Le midi, puisque je n'arrive pas à m'intégrer assez dans ma classe pour avoir des gens avec qui manger, je préfère rester seule plutôt que d'appeler A. : "T'es où ? Je peux m'incruster ?", car j'ai trop honte d'avouer que je n'y arrive pas, et trop chiant leurs histoires des gens de leur section...
Alors j'avale vite mon sandwich et je vais me cacher à la bibliothèque. Oui, me cacher. Parce qu'en plus de ne pas souhaiter croiser mes voisins d'auditoire, je ne veux pas les voir, elle et ses amies. Donc je me planque. Et j'attends tranquillement qu'il soit 13h14 pour me diriger d'un pas hâtif au lieu de mon prochain cours. Genre, je sais où je vais, parce que je dois avoir l'air tellement égarée, à midi, quand je sors de la salle, dont j'ai attendu qu'elle se vide si c'était une période d'exercices.. qu'il faut bien faire contraste.
J'aurais tellement plus de chance de réussir mon année si j'avais des plus ou moins amis dans la section. Mais j'y arrive pas, ou j'essaie mal, ou j'en sais rien, mais je me sens con comme pas possible.
J'aime seulement le lundi et le mercredi, parce que je finis à midi. Pas besoin de manger là-bas, pas besoin d'avoir peur que tout le monde sache... J'ai l'impression que c'est écrit sur ma tête : "Associale" ou "Handicapée des relations humaines".
Et c'est tellement facile de se dire que les autres ne sont pas gentils quand ils vont s'asseoir sur le rang de derrière, alors que je suis seule au mien, et que pourtant, on discute souvent aux pauses...
Pourtant je n'ai absolument rien contre les autres. Quoique l'élu UDC de son bled, j'ai un peu de mal, et puis la petite poupée concon et sa copine la snobinarde aussi, mais les autres, rien. Les autres sont tous potentiellement très sympathiques.
J'arrive pas à avancer. J'arrive pas à me dire que je suis dans la bonne voix. Peut-être, y'a deux ans et demi, j'aurais du décider de repasser mon bac pour avoir ce maudit 12. Et peut-être faire aujourd'hui des études qui me correspondrait mieux. Mais après deux ans à m'acharner, ça serait tellement inacceptable d'abandonner.
13 novembre 2006
Y'a encore trois voitures de flics devant l'immeuble d'en face.
Aujourd'hui je suis allée au discofit. C'était affreux. Mais je crois qu'en fait j'aime bien ça, alors je vais y retourner chaque semaine, en me forçant un peu. Maintenant j'ai mal partout. J'ai du prendre une douche froide en rentrant, parce que pour la cinquième journée du mois, au moins, la chaudière du foyer ne produit plus d'eau chaude autre que pour le chauffage central. Pas à se plaindre, hein, l'an dernier on avait passé près d'une semaine sans chauffage ni eau chaude. Mais une douche froide après une heure et demie de sport, c'est pas chouette. Évidemment, j'aurais pu solliciter le droit d'aller me doucher chez lui, mais je ne suis même plus en état d'aller me faire à manger : c'est trop dur de me lever de ma chaise, alors pensez, crapahuter jusqu'à chez lui...
Et sinon rien. Mon amoureux, qui est informaticien, a passé son dimanche à faire ma physique. J'ai trouvé l'effort admirable, enfin, à m'aider à faire ma physique, ou plutôt à me persuader de la faire, assurant qu'on ne mangerait pas tant que ce ne serait pas fini. D'une aide très efficace, armé d'une force de persuasion certaine.
En marchant vers les salles de sport, dans le crépuscule, j'ai eu envie de prendre des photos du ciel, et du lac et des montagnes... ça faisait longtemps.
Et mon amoureux, je le vois pas de la semaine.
09 novembre 2006
Tu sais, dans ma tête, tout est vraiment trop compliqué. Je préfère te montrer l'énoncé du dernier exercice de ma série de physique, ou le quatrième de celle d'algèbre, ceux que je ne sais pas faire. Quand tu ignores que l'accélération, c'est la dérivée seconde de la trajectoire, quand ce que tu sais du calcul matriciel ce n'est rien de plus que ce qu'en dit wikipédia.
Je t'aime. Dans ma tête, ça c'est bien clair.
J'aime voir que très vite tu comprends de quoi il retourne, et que tu cherches un peu à en savoir plus. J'aime quand tu m'expliques ce que tu as fait en analyse la semaine passée, et que je comprends enfin, alors que depuis deux ans je n'y arrivais pas. Je veux pas te dire que j'ai du mal. Je veux pas te dire que c'est dur. Je veux pas te dire que je suis pas sûre d'y arriver. Parce que j'ai peur que tu te lasses, que tu cesses de me soutenir, que tu cesses de croire en moi...
Autrefois, mon prof de maths, à l'école, disait de moi, me disais : "C'est une grande, une toute grande Luce.". C'était précieux, cette confiance qui n'en était pas vraiment, cette espèce de foi qui me laissait croire que j'étais capable du meilleur.
Je veux pas te dire non plus que je retourne dans l'optique tout m'emmerde. Les autres, surtout, mes camarades. C'est sans doute faux, mais il demeure que j'ai beau parler avec les gens, et tout et tout, mais je suis incapable de transformer ces relations sans lien en un simple copinage qui me permettrait de résoudre mes problèmes les plus immédiats et fréquents : je mange où ? je recopie les notes de qui ? je sors avec qui le jeudi soir si affinités ?... J'y arrive pas, et je sais pas ce que je fais de faux. J'essaie, hein. Mais je veux pas que tu saches que je suis incapable de me faire des amis. Parce que j'ai honte.
Alors je ne te dis rien. Quand je te vois, je me contente de te sourire, je cherche un abri dans tes bras, et j'oublie que j'ai tellement peur, que j'ai tellement honte, que je me sens tellement bête.
Elle doit avoir 17, ou peut-être même 16 ans ; elle est française. Elle est jolie. Peut-être belle, mais jolie en tout cas. Elle rit très fort, comme une petite fille, et embête les garçons. Brune, mince, grande, aux yeux bleus. Ils ont déjà tous envie de se la taper. Il est très probable qu'un, au moins, y parvienne. Le feuilleton de l'automne, c'est qu'il faudra bien suivre pour savoir lequel aura ses faveurs, ou ne pas manquer le retournement de situation impromptu quand on apprendra tous que son petit ami, qui n'a pas choisi l'exil, l'attend sagement en France, souffrant en prépa, et qu'elle l'aime trop !
Toute petite, la pointe de jalousie. Juste, bordel, comment elle a fait pour s'intégrer si bien, si vite ?
Et puis K... K., c'est finalement le genre de fille qui vous gâche la journée sans s'en rendre compte, et sans faire exprès. Pourtant, ça commençait très bien. La nuit avec lui, le réveil dans son lit, où le premier son que j'entendis après l'alarme de mon natel, fut celui de ses grognements critiquant la sonnerie qui me tire du sommeil chaque matin. Il est sorti de sa chambre quand j'allai quitter l'appartement. Alors un bisou pour commencer la journée. J'avais déjà le sourire aux lèvres quand l'air glacial a éliminé toute somnolence résiduelle. La froideur du jour naissant, malgré les gaz d'échappement qui le polluent chaque matin, m'a paru vivifiante et même purifiante. La lumière était belle, les bruits urbains normaux, et moi je sortais de chez lui pour affronter une journée qui s'annonçait bien.
J'ai marché jusqu'à la gare, et dans le métro, y'avait K.. Elle n'a rien fait, mais j'ai eu l'impression qu'elle me vidait de toute mon énergie.