Vacances, alors on lâche l'ordinateur pour aller se vautrer devant la télé beaucoup plus que de raison. Je fais du sport par procuration "Oui m'man, faut que je bosse, mais les jeux olympiques, c'est qu'une fois tous les 4 ans...". Alors même si je hais le patinage artistique, il fallait bien regarder Stéphane Lambiel ramasser la médaille d'argent, et puis aussi, quel moment hilarant j'aurais manqué si je n'avais pas vu une stupide américaine perdre sa première place en border-cross pour avoir voulu frimer en grabant sur le dernier obstacle, offrant la médaille d'or à la Suisse. S'amuser en critiquant les français aux commentateurs sportifs hallucinants de chauvinisme, zapper de la télé suisse à la française rien que pour entendre les commentaires quand une française tombe... Et puis calculer des intégrales : dix par jour jusqu'à la fin des vacances.
Il y a eu, et c'était le seul "évènement" de la semaine, le sms de P, lundi dernier. P, l'unique autre élève de ma série en terminale. P, c'était le 30 juin juste avant les résultats du bac, après le souper d'adieu des terminales, on a fini la nuit dans mon lit. Après, on ne s'est plus vu que deux fois, je crois. Puis, en mai dernier, quand l'imbécile de service s'est amusé à me détruire, il a trouvé bon de me répéter en quels termes P s'était foutu de ma gueule après la dernière fois que j'ai pris de ses nouvelles, alors j'avais décidé qu'il n'existait plus pour moi. Il disait dans son message qu'il serait en Suisse bientôt, qu'il avait changé, et qu'il aimerait bien me voir. J'ai répondu que son hypocrisie faisait peine à voir ; au moins il ne cherche pas à s'en excuser : oui, mais depuis sa copine l'a largué, et alors il a grandi. L'aurais-je vexé en lui disant qu'alors c'était heureux qu'elle se soit débarrassé de lui s'il attendait ça pour grandir ?
J'en ai quelque chose à faire car j'aurais bien aimé le voir et régler tous mes comptes avec lui...
Des choses à dire, il y en a, mais elles me concernent si peu, me sont tellement étrangères que j'en suis jalouse, incapable d'en parler comme je voudrais. Il y a ma soeur et les boîtes en cartons dans lesquelles elle stocke les lettres, les souvenirs...qu'elle garde de ses diverses histoires d'amour, et je n'arrive pas à comprendre pourquoi pas moi, qu'est-ce que j'ai de moins ?
Il y a mon père qui ressort à ma mère une lettre qu'elle lui a écrit alors qu'ils avaient mon âge, et moi je me rends compte qu'à l'état actuel ma vie n'a absolument rien de solide, et même que l'oiseau de Constantin Brancusi, il en a un, de socle, et même qu'il est un des premiers artistes à faire du socle une part entière de son oeuvre, qu'il n'y a rien de beau qui puisse me consoler. Pas de projets, pas de rêves, juste, tout est tellement plat, tellement vide.
Et toutes les fois à le répéter n'y changent rien.
Encore trois semaines de vacances. En attendant, tout m'ennuie, j'ai hâte de retrouver l'illusion de fébrilité qui m'évite de trop penser des jours en cours.